Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

STÉSIGHOt^E dâi

récits, d*une grande liberté : un poète grec n'était jamais enchaîné par la tradition établie. On sait que Stést- chorc, après avoir, dans un de ses hymnes, raconté les méFaits d*Héiène, l'avait disculpée dans sa Palinodie on racontant une autre légende, celle de ses voyages en Egypte alors que son fantôme avait suivi Paris à Troie. Et le poète, loin de chercher à effacer cette contradiction, y insistait ^ Il avait aussi été le premier, suivant le scho- liaste d*Apollonios de Rhodes, à représenter Athéné s'élangant tout armée du front de Zeus ^. On lui attribue également l'origine des récits relatifs aux voyages d*Énée en Occident ' : il avait sans doute suivi en cela quelque modification locale de la légende d'Énée. On pourrait citer d'autres exemples analogues ^ Il puise donc, en somme, dans le trésor déjà si riche des légen- des devenues littéraires, mais il les traite avec liberté, tos remaniant de toutes façons, soit d après des tradi- tions orales recueillies de ville en ville, soit au gré do sa fantaisie. 11 les renouvelle d'ailleurs par l'expression; car il les traite en poète lyrique et avec l'originalité propre do sa nature.

Le lyrisme, quand il raconte des mythes épiques, ne le fait pas de la même manière que l'épopée. D'abord, il faut qu'il les rattache, au moins par quelques mots d'in- troduction ou d'épilogue, à la circonstance particulière qui provoque les chants du poète. C'est ainsi que Stési- chore parlait quelque part de la ville d'Hîmère, du fleuve qui lui donnait son nom et de la manière dont le cours de ce fleuve se bifurquait ^ Ce morceau était peut-être au début d'un hymne, avant le récit mythique. Un autre

!. Fragm. 32.

2. Fragm. 63.

3. Table iliaque (Baumeister, Denkmàler d, Klass, AlUrth., p. 716).

4. Cf. Flach, p. 338-340; Nageotte, p. 293-294.

5. Fragm. 65 (cf. Bergk sur ce passage). . •

Hi«t. de la Litt. gracqne. » T. II, 91

�� �