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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/338

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mariage;; dédaignée par Évalhlos^ elle se précipitait du rocher de Leucade. Rhadiné, aimée d'un tyran de Corinthe, lui avait, été livrée; son cousin, qui l'aimait aussi, venait la chercher à Corinthe, mais le tyran les faisait périr l'un et l'autre et renvoyait leurs cadavres à Samos, leur patrie; puis, pris de repentir, il les faisait revenir pour leur donner la sépulture. Ce sont là, comme on le voit, de véritables romans d'amour, du genre do ceux qui firent plus tard, sous la forme prosaïque, les délices de la Grèce. Slésicliore les avait racontés sous la forme lyrique. Pour le fond, ces poèmes étaient assez différents des hymnes héroïques. S'ensuit-il qu'il faille y voir autre chose que des hymnes? Ce n'est pas certain. Le poète qui avait eu l'idée de transporter dans l'hymne. l'épopée héroïque avait peut-être fait un pas de plus et placé dans le même cadre une sorte d'épopée romanesque et familière*: c'était son Odyssée après son Iliade. Les anciens qui parlent de ces poèmes les appellent simplement des chants, des odes. Si ce n'étaient pas des hymnes (en un sens, nouveau et plus large de ce terme), on ne voit guère à quel autre des genres classiques et définis cette sorte de récits pouvait mieux convenir. Les titres de ces ouvrages, formés d'un nom propre comme pour l'Helène, le Kycnos ou le Cerbère, conduisent à la même conclusion. Athénée dit que le poème de Kalycé était chanté par des femmes. Nous ne savons pas à quelle occasion : le dénouement funeste semble exclure l'idée de toute fête relative à un mariage; mais on peut imaginer plus d'une circonstance (peut-être quelque fête d'Aphrodite) où ce genre de récit eût été de mise. Quant à la source de ces récits, elle était sans doute dans la tradition orale. Pour l'histoire de Daphnis, qui appartient à la mythologie locale et populaire, c'est de toute évidence. Pour les autres, c'est très vraisemblable : les aventures de Rhadiné et de Kalycé ont l'air de ces vieux contes qui se