Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/35

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Qu’est-ce que la cithare *? C’est un des instruments les plus pauvres, les moins expressifs qu*on puisse imaginer. Westphal la compare à une harpe sans pédale. Elle est sèche, monotone, peu sonore; elle ne peut ni accentuer les temps forts, ni assourdir les temps faibles; elle est aussi incapable de soutenir une note que de l'accélérer. Elle n’a, en un mot, ni variété, ni mouvement, ni puissance de son. Que lui reste-t-il donc? Une seule chose, mais capitale aux yeux des Grecs : une netteté pure et grave S et je ne sais quel air de sérénité vraiment virile. Les Grecs ne demandaient pas h leur cithare l’image brillante ou passionnée des plaisirs, des luttes, des souffrances qui remplissent la vie^ ni le reflet changeant des rêves où se plonge parfois notre joie ou notre mélancolie, mais des impressions sereines et simples, et comme l’écho de cet Olympe où règne une éternelle félicité. Platon proscrit de sa République les instruments trop riches et trop expressifs ’; il garde la cithare. C’était l’instrument national par excellence. Elle était particulièrement consacrée à Apollon, le dieu de toute harmonie et de toute beauté. C’est au son de la cithare qu’Apollon menait le chœur des Muses ou qu’il conduisait à son sanctuaire de Delphes les pieux Cretois destinés à devenir ses prêtres. Les antiques héros chantaient sur la lyre leurs regrets et leurs prières. La lyre accompagnait la voix des aèdes. C’est elle enfin que Pindare invoque au début

1. Les mots çôpiiiYÇ, Xup«, x(6ap’.c se prennent exactement les uns pour les autres. Le terme xMpa, souvent confondu a-vec xtOapi;, semble avoir désigné un instrument analogue, mais plus puissant. Aristote {Politique^ VIJI, eh. 6; p. 13il, a, 19) exclut la x’.6apa comme étant un instrument trop tc’/v.xov; il admet évidemment la xiOxpt;. Platon, il est vrai {Uép. lU, ^99 D.}, admet la xiOâpa qu’il ne distingue probablement pas do la xiOapt;.

2. C’est ce que Platon appelle r| (ja?r)Vîia twv yo^^oy {Lois, vu, p. 812 D).

3. "OtTOL Tro/.j/opoa xal 7io"/vap|i6via. /{e/)., III, p. 399 D.