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24 CIIAPITaE 1". — ORIGINES DU LYRISME

d'une de ses odes comme la source de cette harmonie toute-puîssanto qui prépare aux amis des dieux un doux repos et à leurs ennemis Thorreur et Tépouvante K Rien ne prouve mieux que ce règne incontesté de la cithare à quel point le goût musical des Grecs différait du nôtre. « La musique citharédique, dit excellemment Westphal % atteignait d'aussi près que possible à Tidcal de lart, tel que les Dorions le concevaient de préférence; ils y trou- vaient la sérénité et la paix, mais unies à la grandeur et à la majesté, et les âmes s'élevaient grâce à cette mu- sique, jusqu'à la pure région où préside le dieu Pythien. »

La flûte avait plus d'éclat, plus de variété, plus de souplesse. Elle était plus agréable ^ Platon, qui proscrit la flûte, l'appelle l'instrument de Marsyas, tandis que la lyre est l'instrument d'Apollon *. C'est surtout de la flûte que se servaient les solistes virtuoses; elle se prêtait mieux que la cithare à se faire entendre seule. Jointe à la cithare, elle soutenait mieux les voix d'un chœur, se fon- dait avec elles, en dissimulait même au besoin les légères imperfections *. Les fêtes brillantes la réclamaient; elle accompagnait ordinairement les chants voluptueux et passionnés. Ne nous y trompons pas pourtant : la flûte elle-même, qui semblait à Platon si expressive, l'était surtout par comparaison avec la cithare. Cette flûte pas- sionnée n'était guère qu'une clarinette comprenant moins de notes aiguës que celle des modernes ^.

Plus tard, on fit des flûtes plus fortes, vraies rivales de la trompette. Horace dit que de son temps on les dou- blait d'airain. Mais la flûte ancienne, celle de Pindare, celle

��1. Pyth. I, début.

2. Tome I. p. 261.

3. Aristote, Probl., XIX, 43.

4. Rép., III. p. 399 E.

5. Aristote, Probl., XIX, 43. G. Wedtphal, t. I, p. 260.

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