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343 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

quitter. Los Dioscurcs s'acquittèrent on le préservant de la mort qui atteig^nit peu après les Scopadcs, écrasés sous la chute de leur maison. L'anecdote, quel que soit le fond de réalité qui ait pu lui donner naissance, est évidemment une invention récente en ce qui concerne au moins la querelle faite par les Scopadcs à Simonide : au commencement du v* siècle, il n'y avait pas un Grec qui ne dût trouver fort naturel que les Dioscures eussent la première place dans un poème lyrique consacré à celui que leur protection avait rendu victorieux. Il ne faut donc retenir de ce récit que la confirmation mémo de ce fait que Simonide, dans ses éloges, usait des mythes très largement.

Suivant quelles règles en usait-il ? Avec quel art sa- vait-il choisir, dans le trésor des mythes nationaux, ceux qui se rapportaient le plus directement soit à l'occa- sion de son poème, soit à la famille de son héros, soit à ridée générale qu'il avait prise pour thème de ses déve- loppements lyriques? Comment s'y prenait-il pour laisser subsister, à travers la variété qui résultait de cette asso- ciation de la réalité et du mythe, l'unité fondamentale do sujet et d'impression qui est la loi de tout Tart grec et, on peut le dire, de tout art vraiment digne de ce nom ? On voit clairement, par l'exemple de Pindare, qu'il y avait de certaines sources marquées d'avance et comme consacrées, où le poète devait puiser : les mythes de la famille, ceux de la cité, ceux des dieux qui avaient présidé à la fortune du héros ou qui lui avaient servi de modèle, voilà le fonds oii le poète devait chercher ses matériaux: c'était une loi (Oecji-oi;) suivant Pindare, de les prendre là. Il n'est pas douteux que cette loi, établie par la force même des choses et par les convenances néces- saires du sujet, ne remont&t jusqu'à Simonide, le pre- mier représentant illustre du genre; sur ce point, nulle hésitation. Mais il y avait bien des manières de faire ces

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