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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/356

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344 CHAPITRE VI. — LYRISME CHORAL

conversation entre gens d'esprit, à peu près comme on a depuis cité Horace K En quoi consistait donc cette philo- sophie de Simonide? Le plus souvent, elle répétait à sa fa- çon les maximes de la sagesse traditionnelle; c'est ce que font tous les moralistes. Mais elle a aussi certains accents plus personnels. Avant tout, c est une sagesse mondaine, faite d'expérience indulgente, de clairvoyance un peu sceptique, de résignation souriante au mal inévitable, au bien relatif et imparfait; c'est la philosophie d'un homme d'esprit mêlé à toutes les formes de la vie de son temps, et qui a pris de bonne heure le parti de s'y accommoder -. Le meilleur moyen de s'y accommoder, c'est de ne pas y attacher trop d'importance. Simonide avait dit quelque part un beau mot philosophique sur le peu qu'est la vie : par une image dans le goût de Pascal ou de Bossuet, il comparait une centaine ou un millier d'années h un point, entre l'infini qui précède et celui qui suit '. Il déclarait aussi qu'il fallait envisager la vie comme un jeu et no rien prendre tout à fait au sérieux *. Philinte n'aurait pas mieux dit. Est-ce Philinte encore, ou Simonide, qui, parlant des inimitiés attachées à la vie publique, s'en console en songeant que cela est tout aussi fatal et né- cessaire qu'à tel oiseau d'avoir une aigrette ^? Ne lui parlez pas d'une vertu parfaite, absolue, exempte de tout défaut, telle que certains peuvent la rêver; il sait trop bien que ce rêve n'a rien de réel : « Je ne chercherai pas, dit-il, ce qui ne peut exister. » Une honnêteté moyenne, incapable de faire le mal par plaisir, voilà ce qu'il de-

1. Platon. Protag., p. 330, A; Mp. I, p. 331, E; II, p. 365. G (où lo nom de Simonide n'est pas mentionné); etc.

2. Cf. J. Girard, Sentiment religieux, p. 338.

3. Plutarque, ConsoL à Apoll., c. 17 : Ta yàp x^Xia xal ta jjiupia xaTot 2t(i(i>vt$r,v ^Tir| o'Tiyjj.T^ Tt; è<TT\v àopioro;, (JiaXXov tï |x6pi4v t; ppa/utaTov ariYiJLTÎÇ' Fragm. 196.

4. Fragm. 192 (dans Théon, Proyymnasmata, t. I, p. 215, Walz;.

5. Fragm. 68.

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