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SIMONIDE 3i5

mande; car fairo le mal par force, ce n'est plus être mal- honnête : <c La nécessité triomphe même des dieux *. »

Il parle en général des dieux avec respect, d'une ma- nière conforme à la tradition religieuse et poétique. 11 vante leur force, leur justice, leur bonheur. Il dit que, sans les dieux, nul liomme ne peut atteindre à la vertu, qu'en eux réside toute sagesse et toute puissance ^. Par- fois aussi cependant il use h leur égard d*un ton léger que les anciens eux-mêmes ont relevé : par exemple, faisant reloge d'un athlète, il ne craignait pas do dire, avec plus d'esprit que de respect :

NI la force de Polliix ni les membres de fer du flls d'Alc- mône n'eussent pu soutenir son attaque 3.

On croit entendre un do nos poètes galants du xviii® siècle inclinant l'Olympe tout entier devant quelque divi- nité mondaine do Versailles ou de Trianon.

Celle souplesse d'esprit un peu indilférento et sceptique le conduisit un jour à une contradiction plus grave. Après avoir été l'hôte des Pisistratides, leur poète favori et leur commensal, après avoir composé uneépigrammo funèbre pour Archédicé, fille d'IIippias *, il ne craignit pas d'en fairo une aussi pour la statue de leurs meurtriers, Har- modios et Aristogiton, et de dire qu'une « grande lu- mière » avait brillé dans la Grèce le jour où ce meurtre fut accompli. Quelles que soient les circonstances, au- jourd'hui inconnues, qui aient pu expliquer ce revirement de sa pensée, — et peut-être n'y en avait-il pas d'autres que le temps écoulé, loubli, le triomphe d'un nouveau régime politique, — on peut craindre qu'il n'ait eu moins

��1. Fratçm. 5.

2. Passitn; notamment fragm. GI. à. Fragm. 8.

4. Fragm. 111. Cf., plus haut, ch. 1II> p. 16i>.

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