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382 CHAPITRE VII. — PINDARE

dare décrit longuement la vie future. Dans un fragment, il parle de la métempsycose ^ Ce sont là des accents nou- veaux en Grèce, et bien différents en particulier de la sombre tristesse répandue dans la Nexuîa de ÏOdyssée. De pareils vers (comme tout à l'heure certains termes de la théologie pindarique) trahissent le voisinage des doc^ trines mystiques, auxquelles d'ailleurs, en d'autres pas- sages, le poète ne craignait pas de faire des allusions expresses ^

On voit le ton général de toutes ces pensées. Pindare n'est pas plus un pessimiste qu'un optimiste béat et ba- nal. Ni l'enivrement ni le désespoir n'étourdissent ou n'é- branlent son imagination. Devant l'éclat de la gloire et la douceur des plaisirs, il songe à la vanité de tout ce qui est. Devant la misère de Thumanilé, il songe à la va- nité de tout ce qui la relève. Sa mélancolie n'a rien de faible. Il connaît cette mâle tristesse qui résulte d'une expérience profonde de la vie, mais il ignore absolument cette tristesse découragée qui décolore la vie humaine et qui énerve la volonté. Mieux qu'Hésiode, mieux que Théognis, il sait élever sa pensée au-dessus des accidents particuliers; sa qualité dominante, c'est un ferme équi- libre dans une religieuse sérénité.

De tout ce qui précède, il résulte assez clairement que la condition du bonheur, à ses yeux, c'est la vertu, dans le sens antique du mot, c'est-à-dire l'ensemble des qua- lités intellectuelles, morales et physiques. La vertu de l'homme appelle la faveur des dieux ^ Mais elle-même, d'où vient-elle? Avant tout, de la naissance et delà race.

i. Frafîm. ilO.

2. Frajçm. 111. Lo fragm. 109, dont l'authenticité est contostde, mais peut-être à tort, a aussi un caractôre très nettement mystique. Gela ni' prouve pas que Pindare lui-même fût initié ; mais cela montre au moins la place que tenait dans la vie morale de son temps ce genre do doctrines.

3. Ném. X, 53-55.

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