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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/404

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392 CHAPITRE VII. — PINDARE

Pîndare lui-même se compare volontiers à l'aigle '. Ailleurs, c'est un fleuve débordé qui donno à Horace l'idée la plus exacte du génie de Pindare :

Monte decurrens valut amnis, imbres Quem super notas aluere ripas, Fervet immensusque ruit profundo Pindarus ore *.

Ce torrent, aux eaux vastes, agitées et profondes rc* présente à merveille Timmense déroulement do ce style synthétique, tumultueux parfois dans le détail, mais animé dans Tensemble d'un seul mouvement large et imposant. Pindare parle aussi des flèches de ses paroles, des rayons qui s'échappent de ses hymnes, de la flamme éclatante qu'il sait allumer. Il ne recueille pas les eaux de la pluie : son inspiration est une source vive et jail- lissante ^ Ajoutons les images qu'il tire des fleurs, des couronnes, du marbre, de l'or, de l'ivoire et du corail. Ce que signifie tout cela, c'est la vivacité rapide et étin- celante, c'est la grandeur, l'éclat, la force. — Voyons le détail.

Pindare, né à Thèbes, n'écrit pas plus dans le dialecte thébain que Simonide de Céos n'écrit en ionien. Tous deux écrivent ce dorien général et littéraire qui est de- venu, depuis Stésichore surtout, la langue consacrée du lyrisme d'apparat. Corinne et Myrtis se servaient de la langue de Thèbes : Pindare, en la rejetant, se range tout d'abord parmi les poètes qui chantent non pour une cité particulière, mais pour toute la Grèce. Ce dialecte, qui n'est parlé nulle part, est plus souple, plus malléable

��1. Olymp, II, 158 ; Ném, III, 140; V, 40.

2. Odes, IV, 2, 5-8.

3. Mot de Pindare cité par Quintilien (X, 1, 109), qui l'applique à Gicéron.

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