Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DIALECTE — VOCABULAIRE 393

qu'uno langue Gxéo par l'usage quotidien. Les formes sont dorienncs, mais le fond de la langue est homérique et poétique. Selon le goût du poète, selon les circons- tances, la couleur doriennepeut être plus ou moins forte. Pindare semble plus dorien que Simonide. Cela tient peut-être à sa naissance, mais c'est aussi une convenance de plus entre le fond de ses idées et Toxpression dont il les revêt. Il évite d'emprunter à Homère, avec cer- taines douceurs ioniennes, mainte forme trop épique pour convenir à ses propres chants, mêlés de si près à la vie réelle. En revanche, il a des éolismcs. Quelques mots rares, empruntés les uns h l'atlicisme, les autres à la langue d'Hésiode, achèvent de marquer avec discrétion les influences subies par son esprit *.

Un des privilèges du poète, dans l'antiquité grecque, était de pouvoir remettre en circulation de vieux mois archaïques (yXûTrai) et d'en créer d'autres, surtout des mots composés (SiTcXai xal icôicoiiriaévai XéÇei;, comme dit Aristote ^). Pindare use largement do cette faculté. Les mots composés, surtout, abondent dans ses poèmes. Beaucoup évidemment sont nouveaux, quoique, vu la perte de presque toute la littérature antérieure, nous ne puissions plus dire au juste lesquels ont été créés par lui, lesquels empruntés. Nul doute d'ailleurs qu'il n'at- tachât un grand prix à la sonorité de ces mots et à leur beauté. Il parlait dans un dithyrambe d'une lettre qu'il appelle <jàv xiêSaXov, « un <jâv de mauvais aloi », et de son emploi dans la poésie lyrique ^ La vraie nature de

1. M Fûhrer {Phihlogus, t. XLIV, p. 49) a cru trouver dans le dialecte de Pindare des traces du parler éolien de Thèbes. La chose reste douteuse. Sur l'ensemble de la question, Cf. Hermann, Dédia- leclo Pindari, Opusc. t. I, p. 245; Âhrens, Uebei* die mischung der Diat, in der Griech. Lyrik (Congrès des Philologues allemands à Gœt- tingen, 1853); Poésie de Pindare, p. 384-388.

2. Rhét. III, 2; cf. Poét., 22.

3. Fragm. 57.

�� �