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410 CHAPITRE VII. — PINDARE

désir do vaincre. Les relations personnelles avec son héros peuvent aussi, dans bien des cas, lui offrir quel- que sujet de réflexion.

Voilà donc sept ou huit groupes d'idées, sept ou huit sources d'invention qui s'offrent naturellement à l'au- teur d'une ode triomphale. Ce sont là, pour ainsi dire, les « lieux communs » de la poétique du lyrisme K Des convenances impérieuses Tobligent à aborder tous ces sujets. Cela ne veut pas dire, bien entendu, qu'il soit tenu de puiser également à toutes les sources. Les cir- constances et sa fantaisie gouvernent souverainement son inspiration. Mais il est rare qu'il en néglige une seule tout à fait. Les poètes avaient pleinement cons- cience de cette obligation. Pindare lui-même y fait des allusions formelles et fréquentes :

Quel (lieu, quel mortel ma lyre doit-elle chanter? Pise ap- partient à Zeus, mais Héraclès a donné à Olympie le trophée de la victoire *.

Ailleurs, il dit que ses chants, à Égine, ne sauraient oublier les grands héros éginètes, les Éacides '. C'est là pour lui une loi, une règle inviolable*.

On voit quelle était l'abondance des matériaux que le poète avait à sa disposition. On voit aussi quelle place les mythes y pouvaient tenir. Il n'y a pas une des sources d'invention proposées au poète par les lois de son art qui ne pût lui en fournir une ample provision. Le poète lyrique n'avait qu'à se baisser pour cueillir sur sa route une quantité de belles légendes. Or non seulement il le

i. TÔTiot, dans la lani^'uo des rhéteurs. C'est Thiersch, dans l'Intro- diirtion do son édition (182â), qui a le premier exposé avec netteté la théorie des sources d'invention de Todc triomphale.

2. Oij/tnp. II, 2.

3. rsfhm. IV (V). 21. Cf. ihid., 38 et suiv.

4. TéOjjLiov aaçéaraTov, IsUun, V (VI), iU.

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