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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/442

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430 CHAPITRE VIII. — ORACLES ET MYSTÈRES

Malheureusement, ces prélentions mêmes les rendent suspectes ^ Quoi qu*il en soit, notons, dans le dernier vers du second oracle, une belle maxime de pitié chari- table à regard des suppliants :

• , , txfrat (^ tfjOOt TS xal àyvo^.

C'est tout à fait la pensée de Nausicaa dans V Odyssée : Les hôtes et les misérables sont envoyés par Zeus ^. » L'oracle de Delphes a beaucoup plus d'importance littéraire que celui de Dodone. On sait le rôle considéra- ble qu'il a joué pendant plusieurs siècles dans la vie po- litique et religieuse de la Grèce. Il est le grand oracle hellénique. Non seulement les peuples grecs, mais des barbares mêmes, comme Crésus, le consultent sur leurs afl'aires. Il répond à tous et s'occupe de tout : les plus pe- tites choses comme les plus grandes obtiennent son at- tention. Il consacre Tœuvre des législateurs, intervient dans les luttes des partis et des cités, donne des conseils politiques à des souverains^ et en même temps il répond à toutes les questions insigniGantes ou niaises qu'il plaft à chacun de lui poser sur ses petites difRcultés journa- lières : si Ton avait la collection complète des oracles ren- dus par la Pythie, on aurait le tableau le plus complexe, le plus bizarre, et peut-être le plus fidèle, de la vie pu- blique et privée do la Grèce à travers les siècles. Bien que la plupart soient perdus, nous en avons encore assez pour nous faire une idée précise du rôle de Delphes, de son caractère général, de la place qu'il mérite d'occuper dans l'histoire littéraire ; nous en avons assez, et d'espèces assez différentes, pour bien saisir ce mélange de sagesse

��1. Les belles fouilles de M. Carapanos â Dodone ne nous ont ap- porté à cet égard que peu de chose : deux cents réponses mutUées ou insignifiantes (p. 82, pi. xxxviii, 5 et 6).

2. Odyssée, VI, 207-208.

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