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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/443

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DELPHES 431

et de puérilité, d'élévation morale et de charlatanisme, de beauté littéraire et de platitude, qui résultait évidem- ment des conditions mêmes du genre et qui se rencontre parfois de la manière la plus inattendue dans le petit nombre de vers dont se compose un seul oracle.

Delphes représente, d'unemanière générale, Tespritaris- tocratique et dorien : aussi Toracle lutte-t-il, chaque fois qu'il peut le faire sans danger, contre Tesprit opposé ^ Il soutient l'aristocratie contre Pisistrate, contre Thémisto- cle, contre Périclès ; il est plutôt Spartiate qu'Athénien; mais il agit toujours avec prudence, car ses intérêts maté- riels considérables, non moins que sa situation morale, lui font une loi de ne rien hasarder. C'est celte prudence pous- sée à l'excès qui, au temps des guerres médiques, lui fit jouer un rôle si équivoque. En matière de religion pro- prement dite, il admet tous les cultes particuliers; il veut que chacun honore les dieux « selon la coutume de la cité » (v6;i.o)ic6Xeu);2). Mais il subit rinflucnce du progrès général de la pensée grecque, et conçoit la divinité sous une forme de plus en plus pure. En morale aussi, ses pré- ceptes s'appuient à la fois sur la vieille tradition grec- que et, dans une certaine mesure, sur les idées nouvel- les. Apollon inscrit sur les murailles mêmes de son tem- ple le fameux MyiSev àyav, qui résume la vieille morale, et le non moins célèbre rvôOi (yeaorov, qui, dans son sens primitif et vrai, signifie à peu près la même chose : con- nais ta condition mortelle, et ne cherche pas à t'élever au-dessus d'elle. Mais on le voit s'efforcer aussi de sa- tisfaire à un besoin nouveau de pureté morale, de péni- tence, d'expiation : les légendes d'Oreste et d'Alcméon en sont un témoignage'. On le voit également encourager

��1. Bouché -Leclercq, t. III, p. 126. S. Xônophon, Mémorables, J,Z, 1. 3. Bouchô-Leelercq, t. III, p. 148.

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