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432 CHAPITRE VIII. — ORACLES ET MYSTÈRES

les opinions relatives à la vie future : quelques années après les guerres médiqucs, le pinceau de Polygnote couvrit la Lesché des Cnidiens à Delphes de scènes em- pruntées au monde infernal K Par tous ces traits, on reconnaît que Tesprit delphien représente assez exacte- ment, bien qu'avec un peu de timidité, ce qu'il y a do meilleur dans l'esprit général de la Çrèce.

Mais les circonstances l'obligent à y mêler un alliage de moindre valeur. Il faut que Toracle prophétise, qu'il explique le passé obscur, qu'il annonce l'avenir, qu'il indique des remèdes aux maux qu'on lui signale. Les remèdes sont souvent bizarres^ les prophéties volontaire- ment équivoques. D'ailleurs, comme il s'occupe de tout, il est obligé de se mettre au niveau des puérilités qu'on lui propose.

La plupart des oracles de Delphes étaient rendus on vers. La Pythie, livrée à l'inspiration, faisait entendre des cris confus que les prêtres traduisaient en une phrase intelligible; mais c'était toujours le dieu qui était censé parler, et il s'exprimait à la première personne. Les prêtres prétendaient que l'hexamètre épique avait été inventé par la Pythie -; en réalité, l'emploi ordinaire du dialecte ionien dans les oracles prouve que Delphes n'avait fait que suivre l'exemple des poètes épiques ^ Le grand développement de l'oracle d'Apollon, sinon sa fon- dation, est évidemment postérieur à Homère, qui n'en parle pas. D'autres fois, la réponse de la Pythie était traduite en prose, sans qu'on puisse dire au juste quelle raison déterminait le choix des prêtres entre la prose et les vers. Au temps de Plutarque, il parait que la Pythie

1. Bouché-Leclercq, ibid. p. 153.

2. Cf. plus haut, t. I, p. 67.

3. Hérodote cite un oracle en vers iambiqud (1, 174). D'autres, en vers ôlégiaques, sont apocryphes ef de date récente (cf. Bouché-I^ clercq. t. III, p. 96, n. 2).

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