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466 GHAPITRl!: IX. — PHILOSOPHIE ET HISTOIRE

légende a peut-étro pris sa forme définitive à Delphes, où on lisait sur les murs du temple un choix de maximes morales attribuées par la tradition soit à Tun, soitàTautre •des Sept Sages : le rapprochement de ces préceptes sur une même paroi conduisait à rapprocher aussi par la pensée les noms des auteurs. En tout cas, cette légende ne peut guère être antérieure au début du v* siècle. A la prendre au pied de la lettre, elle est très fausse ; car elle groupe artificiellement des personnages dont la plupait ne se sont à coup sûr jamais rencontrés, et elle leur atlri- bue sans raison des maximes dont le vrai caractère est d'être anonymes *. Mais elle renferme pourtant une idée vraie : c'est que le début du vi® siècle, où elle place la vie des Sept Sages, se dislingue des âges précédents par un esprit nouveau, par un goût plus vif des choses réelles, de ce qui va devenir la science et enfanter la prose.

La légende d'Ésope peut être rapprochée de la précé- dente. On attribuait à Ésope de petits récits familiers, d'un caractère allégorique et moral, où les animaux jouaient le principal rôle. C'est ce qu'on appelle aujour- d'hui des fables. On faisait d'Esope un Phrygien, un esclave, et on plaçait l'époque de sa vie au temps de Crésus. Hérodote le mentionne déjà comme un personnage fort connu ^ Une rédaction en prose de ces fables circu- lait peut-être à Athènes au temps de Socrate '. Ce qui est sûr, c'est que ces petits récits étaient alors fort goûtés, et que Socrate lui même en versifia quelques-uns *. L'ori- gine des fables ésopiques était évidemment très variée. Quelques-unes étaient aussi vieilles que la race grecque,

\. Les maximes des Sept Sages sont recueillies dans les Fragmenta philosophorum grœcorum de Miillach (Didot), t. I.

2. Hérodote, II, 134 : AIo-wtco'j toO XoYoïtoioO. ' 3. Le mot XoY07cot(Sc, employô par Hérodote, semble Tindiquer.

4. Phédon, p. 60, G-D.

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