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d'autres plus vieilles encore ; d'autres enfin avaient pu venir de l'Egypte ou de l'Orient. Mais on mettait indis- tinctement sous le nom d'Ésope tous les récits de ce genre, quelles qu'en fussent la date et la provenance, lors(]u*on n'avait aucune indication positive sur leur origine ^ Nous n'avons pas à étudier ici ce côté de la question, qui dépasse de beaucoup la littérature grecque proprement dite. Nous n'avons pas davantage à nous occuper des rédactions d'Ésope aujourd'hui subsistantes; ce sont des œuvres de très basse époque, très sèches, et à peu près complètement dénuées d'intérêt littéraire ; elles n'ont d'intérêt que pour le fond des choses^. Le seul point à noter ici, c'est que la tradition grecque, en plaçant le légendaire Ésope au temps de Crésus, exprimait à sa manière la convenance qu'elle reconnaissait entre cette sorte de morale familière et l'âge où la prose avait com- mencé à paraître. A vrai dire, pourtant, les fables ésopi- ques, aussi bien que les maximes des Sept Sages, sont un peu en dehors du grand courant intellectuel de cette époque : l'œuvre essentielle du vi® siècle, c'est la philo- sophie et l'histoire, qui amènent avec elles la prose ^.

1. Thfton, Progyntnasmafa, c. 3 (t. I, p. 172, lihetores grœci de Walz). Los anciens distinguaient d'ailleurs déjà des fables libyennes, cypricnnes. sybariliques, reconnaissables àce signe qu*elles débutaient à peu prés ainsi : « Un homme (ou une femme) de Libye (ou de Cy- pre, etc.), disait, etc. » Les autres commençaient de la manière sui- vante : AîawTcoî stirev. Voir Thénn, ihid. Sur la fable grecque en géné- ral, cf. O. Keller, ilniersuchinif/en ùber die Geschichte der gnech. Fabel, Leipzig. 1802 (Jahrb. f. Piiilol., suppl. IV). V. aussi Welcker, uEsop eine Fabel (dans ses AV. SchrifLen, t. II, p. 228-263), et Edelestand du Méril, Uist. de la fable Esopique, en tôte de ses Poésies inédiles du moyen-âffe» Paris, 1854.

2. L'édition la plus récente des fables d'Ésope est celle de Halm (18:>2, 2« éd'. 1814, Tenbner).

3. Des trois grandes formes littéraires de la prose grecque (his- toire, philosophie, êloquonce), une seule, l'éloquence, manque encore, pour un siècle environ ; nous aurons plus tard à chercher les raisons de ce fait.

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