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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/486

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vant*. Mais, malgré Pythagore, on continua jusqu’à Platon de dire souvent ffopo; (ou cocpt’jr/;;) 2. A côté de ces termes généraux, on en employait d’autres qui désignaient avec plus de précision la nature particulière des études de chacun : c’est ainsi qu’on rencontre fort souvent les mots physiologue et théologue^ qui s’expliquent assez d’eux-mêmes.

Celte diversité de noms correspond à une certaine di- versité dans les doctrines. Mais, quelles que soient ces divergences, par l’objet de leurs études, par leur esprit, par leur méthode, tous ces philosophes se rapprochent : ils sont du même temps et du même pays.

Le problème qu’ils étudient est celui que les vieux poè- tes, dans leurs Théogonies, avaient déjà soulevé : d’où vient cet univers où nous vivons ? comment s’est-il formé? — Problème capital, en effet, le premier qui s’of- fre à l’esprit de l’homme, et le dernier qu’il puisse résou- dre. Sur certains points, les premiers philosophes re- prennent à peu près les solutions des poètes. Homère, par exemple, avait dit à sa manière, avant Thalès, que l'eau était le principe de tout, quand il appelait l’Océan père des dieux ’\ Mais la différence est grande, malgré tout, entre los anciennes cosmogonics poétiques el les nouveaux systèmes du monde. Les premières étaient mythiques et religieuses : un Hésiode n’avait pas conscience d’inventer ; il se bornait à classer et à interpréter les données que la tradition religieuse lui offrait, et cette tradition était toute remplie de caprice et d’arbitraire. Les théories nouvelles, au contraire, sont rationalistes : le

1. Cicéron, Tusculanes, V, 3; Diogône Laërce, Préambule, i2.

2. iloftTTr,;, pris liabituollcmcnt en bonne part jusqu’à Platon, signifie proprement « celui qui fait profession d’habileté ou de science » dans un ordre d’activité quolconciuo, et s’applique non seulement aux philosophes, mais aussi aux artistes et aux poètes.

a. Iliade, XIV, :i01.