Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que les premiers physiologues, Ioniens de naissance, se trouvaient voisins des peuples de l’Asie. Par toutes ces raisons, la question des rapports de la philosophie grecque avec rOrient s’impose à l’attention.

Elle a été résolue, à vrai dire, très diversement par ceux quis*en sont occupes. Les uns, avec une exagération manifeste, retrouvent dans les divers systèmes grecs toutes les grandes doctrines orientales, depuis celles de l'Egypte jusqu’à celles de l'Inde etde la Chine K C’est là de la fantaisie pure, car on ne prouve ni la similitude absolue dos idées ni la réalité des relations internationales que supposerait un tel échange de doctrines-. D’autres, au contraire, ne veulent pas que la Grèce ait rien tiré du dehors^ ; c’est peut-être un excès aussi, mais plus voisin de la vérité que le premier.

Il ne faut pas être dupe en effet des ressemblances particulières qui peuvent exister entre telle doctrine chaldéenne ou égyptienne et les systèmes de certains philosophes grecs. Le nombre des hypothèses qui peuvent se présenter à l’esprit humain est limité, surtout à une même période de son développement. Parce que l’idée d’un limon boueux d’où les êtres seraient sortis se rencontre dans les légendes chaliléennes, faut-il en conclure que Thalès a puisé là sa théorie de l’eau considérée comme le principe des êtres ? Mais la même idée, nous l’avons vu, est déjà exprimée sous forme mythique par Homère. C’est donc Homère, et non Thalès, qui aurait imité les Chaldéens ; à moins que les Chaldéens, comme Homère, n’eussent mis en œuvre une tradition déjà ancienne, ou encore que les uns elles autres aient inventé chacun pour

1. (jladisch, Die Religion und die Philosophie in ihrer Wellgeschicht- lichrn Entuickelung, 1852.

2. Zeller (trad. française), t. T. p. 46.

3. Telle est à peu près l’opinion d’Olfried Muller et do Zeller lui-moine.