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498 CHAPITRE IX. — PHILOSOPHIE ET HISTOIRE

chrétien. Sur ce point, nulle hésitation apparente, nulle trace de cette prudence à demi sceptique dont il disait tout à Thcure la nécessité. Il condamne énergiqucment le polythéisme populaire et poétique, celui d'Homère et d'Hésiode, qui se représente les dieux comme des hom- mes, et comme des hommes souvent méchants :

Tous les crimes sont prêtés aux dieux par Homère et par Hésiode ; tout ce qui, parmi les mortels, est objet de blâme et de réprobation, toutes les actions honteuses remplissent leurs chants : vols, adultères, tromperies réciproques i.

On croit entendre Polyeucte :

La prostitution, l'adultère, l'inceste,

Le vol, l'assassinat, et tout ce qu'on déteste,

C'est l'exemple qu'à suivre offrent vos immortels.

Xénophane se moque de cette grossièreté d'esprit qui ne peut concevoir les dieux qu'à l'image de Thomme :

Les mortels croient que les dieux naissent comme eux, avec leurs sens, leur voix et leur corps '.

Si les bœufs et les lions avaient des mains, s'ils savaient dessiner comme les hommes, ils feraient des dieux à leur pro- pre ressemblance ; les chevaux les représenteraient pareils à des chevaux ; les bœufs, à des bœufs, avec une forme et des membres semblables aux leurs '.

Do même, les dieux thraces ont les cheveux rouges et les yeux bleus ; les dieux éthiopiens sont noirs et ca- mus*. — Pour lui ce n'est pas ainsi qu'il se représente la divinité. Elle ne ressemble à l'homme ni par le corps ni par la pensée *. Sans yeux, sans oreilles, sans organe

1. Fragm. 7.

2. Fragm. 5.

3. Fragm. 6.

4. Clément d'Alox., Strom., VII, p. 711, B.

5. Fragm. 1.

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