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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/511

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XÉNOPHANE 499

intellectuel, le dieu suprême «voit, pense, entei^tout en- tier * ». Sa pensée souveraine gouverne tout sans effort* ; immobile et immuable, elle ne va point çà et là'. Les Ëléates demandaient un jour à Xénophane s*il fallait sa- crifier à Leucothéa et la célébrer par un Ihrène : il répon- dit que, si elle était déesse^ elle n*avait pas besoin de thrènes, et que, si elle était femme, elle n'avait pas droit à un sacrifice ^. La divinité ne naît ni ne meurt, elle existe'. Xénophane dit quelquefois, comme le vulgaire, « les dieux », au pluriel^; mais nul ne peut s'y tromper ; ce qu'il appelle ainsi, ce sont les manifestations particu- lières de la divinité ; celle-ci est une dans son essence. Quels rapports existent entreDieu et le monde? Dieu est- il distinct de Tensemble des choses, ou, au contraire, s*y confond-il comme une âme de l'univers partout répandue (magnos diffusa per artus), qui Tanime et le fait vivre? Les témoignages anciens conduiraient plutôt à la seconde opinion ^ ; il est possible cependant que la question ne se soit pas nettement posée pour Xénophane et qu'il n'y ait pas répondu d'une manière expresse. Quoi qu'il en soit, la nouveauté de ces vues était grande. Jamais pro- testation aussi nette ne s'était élevée contre les naïvetés de l'anthropomorphisme; jamais on n'avait rompu si ou- vertement avec la tradition des vieux poètes. C'est une date considérable dans l'histoire de la pensée grecque que celle où se manifeste avec cet éclat la tendance idéa- liste et la foi dans une réalité extra-sensible. Il est d'ail-

��1. Fragm. 2 : 0\iXoc âpa, o^Xoç Sa voeT, o^Xo; 8i t' àxovct.

2. Fragm. 3.

3. Fragm. 4.

4. Aristotd, Rkét., II, 23; p. 1400, B, 5, Bekker.

5. Id.. ibid., p. 1399, B, 6.

6. Fragm. 14 et 21 (fin).

7. Platon, Sophislê, p. 242, D ; Aristote. Métaph., I, 5, p. 986, B, 10 ; Théophraste, cité par Simplicius, Physique, 5, B ; Gicôron, Àca- dém., II, 37, 118.

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