Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/512

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leurs permis de croire que Xénophane n’aurait pas envisagé ainsi le problème de l’Être si Pythagore ne lui eût frayé la voie.

Après cela, comment Xénophane 8*expliquait-il, dans le détail, la naissance des choses sensibles, et comment se figurait-il la constitution actuelle du monde? On peut dire que c’est là, dans son système, un point secondaire. Si la vraie cause de tout est dans TÊtre un et immuable, peu importent la succession et la coordination des appa- rences éphémères. Xénophane, dans cette partie de sa théorie, semble s’être inspiré de Thalès et d’Anaximandre, en ajoutant à leurs vues quelques observations ingénieuses et neuves, et surtout en les corrigeant par les prudentes réserves de son demi-scepticisme. Il admettait que tous les élres mortels étaient sortis do la terre et de Icau*; qu’à Torigine, la terre et l’eau étaient mélangées, et que lo temps les avait séparées ; il en donnait pour preuve qu’en pleine terre et dans les montagnes on trouve des coquillages, qu’à Syracuse, à Paros, dans des carrières ou dans des rochers, on voit des empreintes de poissons-. Les astres sont des nuages entlammés^ L’arc-en-ciel, que le vulgaire appelle Iris, est un nuage multicolore*. Le ciel est sphérique; les racines delà terre plongent en basà^infîni^ Mais sur tout cela, encore une fois, nulle affirmation tranchante; en pareille matière, l’homme n’est sûr de rien. « Telles sont, disait-il, mes opinions, conformes à la vraisemblance *. »

Pour exprimer des idées aussi neuves, Xénophane avait eu besoin d’une forme et d’un style en partie nou-

1. Fragm. 9 et 10.

2. Philosophumena, XIV, 5.

3. Plutarque, Opinions des philosophes, II, 13.

4. Fragm. 13.

5. Fragm. 12.

6. Fragm. 15 : Tαυτα δεδοξασται jjlsv èoixita toî; Ètûfiocau