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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/538

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mon discours, je montrerai deux choses : d’un côté, l’Un se formant par l’accession de plusieurs, de l’autre, le Multiple sortant de l’Un qui se divise ; le feu, l'eau, la terre, la molle hauteur de l'air, puis, à part, la Discorde funeste, égale à chacun d’eux, et parmi eux l’amour, égal aussi en longueur et en largeur *...

Tous ces principes sont égaux par l’étendue et par l’âge; mais chacun a sa dignité propre et sa fonction, chacun son caractère. Tour à tour, ils dominent, le cercle tournant sans cesse, et, suivant des vicissitudes fatales, ils s’effacent ou grandissent, se transformant l'un dans l’autre. En dehors d’eux, rien ne naît ni ne périt ^...

Ainsi, dans le cercle solide de l'Amour, repose avec stabilité le Sphéros arrondi, heureux de l’immobilité qui le maintient. Mais, quand la puissante Discorde, grandissant au milieu même de ses membres, se fut élevée jusqu’à l’honneur et au pouvoir par la révolution du temps, selon l’alternative fixée pour chacun par le Serment inébranlable, alors la guerre successivement régna dans tous les membres du dieu ’.

Tout cela est précis à la fois et vivant. Voici qui est pittoresque et très ingénieux :

Quand les peintres, savamment instruits dans leur art, font un tableau pour l’offrir à un dieu, ils prennent dans leurs mains des substances diversement colorées, ils les mêlent suivant l’harmonie, plus des unes et moins des autres, et avec elles façonnent des images qui reproduisent toute la variété des êtres *, ils font des arbres, des hommes et des femmes, des bêtes sauvages, des oiseaux, des poissons nourris au sein des eaux, et des dieux à la longue existence, comblés d’honneurs. De même, ne laisse pas ta pensée s’égarer, au point de croire qu’il y ait ailleurs * aucune autre source des êtres mortels, quelque innombrables qu’en soient les espèces, mais retiens fermement cette parole, que la divinité elle-même te fait entendre 5.

1. V. 76-81.

2. V. 88-92.

3. V. 175-180.

4. Ailleurs que dans les quatre éléments diversement mêlés et combinés.

5. V. 134-144. — Le dialecte d’Empédocle est imité d’Homère.