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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/549

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LES LOGOGRAPHES 537

dos généalogies en grande partie mythiques (yeveaXoyiai), Ils écrivent pour perpétuer la gloire des races nobles, pour honorer la ville h laquelle ils appartiennent, pour charmer la curiosité naïve d'un public peu philosophe ; ils racontent les événements naturels ou surnaturels dont le souvenir était conservé dans les vieilles annales des temples et des cités, bornant leur rôle à rédiger ces souvenirs trop brefs et probablement à les rendre plus agréables en les enjolivant de détails empruntés à la tradition orale. Ils ont d'ailleurs un goût vif pour les péripéties romanesques K Des détails circonstanciés, loin de les mettre en défiance sur la vérité du fond, leur semblent une condition nécessaire de la vraisemblance, comme dans un poème épique. —Nul regard, par consé- quent, sur l'ensemble du monde ancien, ni même sur l'ensemble du monde grec : leurs récils ont un caractère local, comme les archives où ils puisent, comme les tra- ditions qu'ils interrogent; c'en est même Tintérêl, car ils ajoutent ainsi de nouveaux matériaux au trésor des lé- gendes nationales. Nulle critique non plus; s'ils se sépa- rent des anciens poètes, c'est surtout pour opposer aux récits de leurs devanciers les fables de leur propre cite*, qu'ils croient plus vraies parce qu'ils ne savent pas douter encore de ce qu'ils ont toujours entendu raconter autour d'eux. — La narration suit son cours avec simplicité, sans philosophie, sans éloquence, sans pathétique, mais non sans grâce. Les logographes, comme les philoso- phes ioniens du même temps, écrivaient dans le dia- lecte ionien vulgaire ; ils écrivaient comme tout le monde parlait autour d'eux : mais ils maniaient leur langue avec ce naturel aisé qui a été le privilège de Tlonie, et, comme le fond et la forme s'accordaient chez eux à mer-

��1. (^îarptxal TcspiTiéTS'.ai tco>.Ù to r,).t6iov £'/£iv toT; vOv ooxoO^ai. Denya d'IIalicarnasse, Jugement sur Thuc.^ c. 5.

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