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CONCEPTION DE L'HISTOIRE 577

��IV

��§ 1. Conception générale de l'histoire.

Quand un Thucydide ou un Polybe écrivaient leurs histoires, l'objet qu'ils se proposaient était très clair : ils voulaient avant tout faire œuvre utile. A leurs yeux, les lois qui gouvernent les choses humaines sont toujours les mêmes ; en étudiant le passé, on apprend à prévoir l'avenir et à le diriger. Cette conception pratique et po- sitive n'est pas encore celle d'Hérodote. Comme les poètes, c'est surtout l'éclat des hauts faits qui l'attire ; il est plus soucieux d'en faire durer la gloire que d'en dégager une leçon utile. Il le déclare dès les premiers mots. Il va ra- conter « les actions grandes et curieuses (epya [teyaXa xai OwjjLaGTa) des Grecs et des Barbares », aBn que le souve- nir « ne s'en efface pas avec le temps, » et « qu'elles ne restent pas sans gloire » ((i.v)T8... àxXea yévYïTai). Par là, il est encore tout voisin de ses devanciers, les logogra- phes, successeurs des poètes épiques. Mais voici par où il s'en distingue.

Le sujet préféré dos logographes, c'étaient les « fonda- lions » mythiques des cités, les « généalogies » divines et héroïques qui étaient censées former le premier chapitre de l'histoire grecque. Le sujet d'Hérodote, c'est la lutte de la Grèce et de l'Asie depuis Crésus, c'est-à-dire une pé- riode récente, semi-contemporaine, dont le début n'est séparé de l'écrivain que par un siècle au plus. Il rappelle d'abord, il est vrai, les légendes relatives aux luttes an- tiques entre Grecs et Barbares, mais seulement par pré- tention : dès le cinquième chapitre^ il en est à Crésus. S'il lui arrive souvent par la suite de remonter jusqu'aux âges mythiques, c'est en manière d'épisode ; le centre

Hist. de U LUI. grecque. — T. II. 37

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