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580 CHAPITRÉ X. — HÉRODOTE •

seignemont. Quelle philosophie, quel enseignement Hé- rodote en dégage-t-il? Nous le verrons tout à Theure. Notons seulement ici la conception générale toute nou- velle et le progrès vers une entente scientiGque des choses.

Voilà donc, en ce qui concerne la matière même de Thistoire, des nouveautés considérables. L'âme aussi^ comme la matière, en est très différente de ce qu'elle avait été jusque-là.

D'abord, Tosprit de recherche et de critique commence à se montrer. Dès la première ligne, Hérodote avertit le lecteur do ce changement. « Ceci, dit-il, est Texposé des recherches failcs par Hérodote d'Halicarnasse », ioroptij; àwoSg^i; r,^a. Le mot laTopt-îf), dont le sens est chez lui très précis, implique et signale une révolution littéraire ^ Les prédécesseurs d'Hérodote s'appelaient des logographesy c'est-à-dire simplement dos «faiseurs de récits en prose* » : Hérodote et ses successeurs seront des hisiorietis, c'est- à-dire des savants qui cherchent le vrai. Les premiers mettent par écrit, en langage courant, les vieilles tradi- tions; les autres font une enquête et vérifient. Hérodote a soin de nous dire à plusieurs reprises comment il entend son rôle de chercheur; il le prend très au sérieux, n dit avoir fait un long voyage pour contrôler un fait'. Il va d'un sanctuaire à un autre pour s'assurer que les informations dérivées des deux sources sont concordan- tes *. C'est bien déjà cette recherche « laborieuse » que Thucydide exige et qu'il trouve Irop rare\ Hécalée avait fait quelque chose de semblable pour l'histoire mythique et

1. Pour le sens des mots l<jTopir,, IdTopeîv, cf. II, 99; IV, 192 (fin); etc. i. Cf., plus haut, ch. IX, p. 535.

3. 11,44.

4. lî, 3.

5. Thucydide, I, 20, 3 : Outwc àtaXacTrwpo; toîç tcoàXoT; ^ ^'^i^iç ttjç diXr|Oc(a; %i\ iii\ xa. iToî|ia |iâXXov Tpéicovtai.

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