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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/593

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CONCEPTION DE L'HISTOIRE 581

pour la géographie : Hérodote transporte cette nouveauté dans l'histoire proprement dite. On sait le nnot dédaigneux do Thucydide pour ses devanciers, plus occupés, disait- il, d'amuser que d^instruire^ Ce mot, dans sa pensée, s'appliquait-il aussi à Hérodote, ou seulement à la majo- rité des logographes? Il est bien possible que le « père de rhistoire » n'ait pas trouvé grâce aux yeux du grand historien altique : de l'un à Tautre, en effet, l'intervalle reste grand, et Thucydide devait être disposé à l'exa- gérer plutôt qu'à l'amoindrir. Mais en théorie, du moins, et d'une manière générale, on peut dire qu'Hérodote est d'accord avec Thucydide sur le premier devoir de l'his- torien, celui de chercher le vrai avec une palience opi- niâtre.

Comme lui encore, Hérodote reconnaît que celte re- cherche doit être circonspecte. Il ne veut pas qu'on prenne de toutes mains et au hasard, sans examen (aTcepioceinru);*). Il proclame donc la nécessité de la cri- tique.

Mais, en matière scientiGque, des principes aussi géné- raux que ceux-là sont peu de chose par eux-mêmes s'ils n'aboutissent à des règles précises et si ces règles ne sont pas bien appliquées. Il faut voir quelle méthode proprement dite Hérodote a tirée de ses principes, et comment il l'a mise en. pratique. — En outre, une ques- tion préjudicielle est désormais soulevée : c'est celle de savoir non plus seulement si Hérodote sait observer, s'informer, critiquer des documents, mais s'il le veiU faire, s'il est, oui ou non, un honnête homme; s'il a vu ce qu'il dit avoir vu, s'il a entendu ce qu'il dit avoir

i. Thucydide, I, 21, i.

2. Hérodote, II, 45. C'est presque le mol même employé par Thu- cydide (àgaaaviffTti);, I, 20, 4). — N'oublions pas qu'à cet égard aussi Hérodote devait certainement quelque chose à Hécatée. Cf. plus haut, ch. IX, p. 543.

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