Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t2.djvu/594

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

582 CHAPITRE X. — HÉRODOTE

eateodu ; s'il cherche à dire vrai ou simplement à éblouir. En un mot, avant la question de crédibilité scien- tifique, il y a une question de crédibilité morale qui a été récemment posée et qu*on ne peut passer sous si- lence.

��§ 2. Véracité d'Hérodote.

On sait que déjà dans Tantiquité la véracité d'Hérodote avait été mise en question. Ctésias l'accusait de men- songe et prenait plaisir à le contredire ^ ; Plutarque Tat- taqua avec ardeur ^ Lucien avec esprit ^ Mais la répu- tation de Ctésias lui-même est médiocre ; Lucien est un rieur dont les moqueries ne tirent pas à conséquence, et quant à Plutarque, sa passion est si évidente et sa criti- que est souvent si frivole que les modernes en général ne tenaient plus grand compte de son opinion. Je ne parle pas du jugement de Thucydide, cité plus haut : il s'ex- plique assez (à supposer qu'il vise Hérodote) par la dif- férence des points de vuo^ et l'on ne saurait le prendre tout à fait au pied de la lettre.

Bref, tout le monde se laissait gagner sans scrupule au charme de la naïveté d'Hérodote, et l'on répétait volon- tiers, avec M. Gurtius, que son œuvre porte « le caractère indéniable d'une pleine véracité S » lorsque les travaux d'un orientaliste bien connu, M. Sayce, ont réveillé la dis- cussion ^ La thèse nouvelle, soutenue par un voyageur

1. Cf. Photias, p. 35, B, 41.

2. Dans son Iraité Sur la malignité cVHérodote.

3. Dans son opuscule intitulé Hérodote.

4. Curtius, ïlist. grecque (trad. Bouché-Leclercq), t. II, p. 340.

o. Sayce j The ancienl empires ofthe East; Herodoios l-lll ; tcith noies, introductions and appendices, Londres, i883. — Avant W. Sayce, pour- tant, des idées analogues avaient déjà été exprimées par un éditeur an- glais d'Hérodote, M. Blakeslcy, dans la préface de son édition (1854). Mais cette première campagne était un pou oubliée.

�� �