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MÉTHODE ET CRITIQUE 589

n'est pas diminuer sa gloire de voyageur que de les cons- tater.

En revanche, Taspect général du Delta, les Pyramides, rinondation du Nil, le papyrus, la plaine de Babylone, lui ont fourni le sujet de descriptions aussi vives que fidèles.

Hérodote, en somme, ouvre les yeux et sait regarder : c'est un esprit curieux, avisé, clairvoyant. Mais c'est un voyageur du v*' siècle avant Tère chrétienne, qui passe vite au mih'eu d'une foule de choses nouvelles et étran- ges, sans éducation scientifique, sans livres, sans ins- truments^ sans nos habitudes modernes de précision, et qui, de la meilleure foi du monde, môle beaucoup d'à- peu-près à des indications très justes.

Le problème était encore plus compliqué pour les in- formations qu'il empruntait à autrui soit par des lectures, soit par ouï-dire (axor;). Si Hérodote a beaucoup vu, il a bien plus appris encore par les récits qu'on lui a faits ou par les écrits de ses devanciers; toute la partie vraiment historique de son livre dérive de cette source. C*est donc là, pour l'appréciation de son esprit critique, le point capital. Or les difficultés étaient grandes.

Les recherches d'Hérodote devaient porter sur les su- jets les plus variés : toute la Grèce, tous les peuples bar- bares figurent dans son ouvrage, non seulement pour la part effective qu'ils avaient récemment prise dans les guerres médiqucs, mais souvent aussi, grâce à la curio- sité rétrospective de l'historien, pour une partie au moins de leur histoire antérieure, à laquelle s'ajoutent de nombreuses indications géographiques. Son livre est un raccourci de tout le monde ancien. Pour s'informer sur toutes ces choses si difficiles à bien connaître, quel- les étaient les sources où il pouvait puiser?

L'histoire de l'Egypte, celle de l'Assyrie et de la Perse étaient conservées en grande partie dans des inscrip-

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