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MÉTHODE ET CRITIQUE 593

rien. — Quand il discute et qu*il indique à la Gn sa pré- férence, il fait preuve des mêmes qualités. On racontait, par exemple, que Xerxès, dans sa fuite, avait essuyé une tempête, et qu*il n'avait été sauvé du naufrage que par le dévouement des seigneurs perses de sa suite, ceux-ci, pour alléger le navire, s^étant volontairement précipités dans la mer furieuse. Hérodote rapporte cette tradition, mais il fait observer qu elle est peu vraisemblable, at- tendu que, selon toute apparence, avant de se précipiter eux-mêmes dans les flots, les seigneurs perses auraient jeté à la mer les petites gens de Téquipage, dont la vie devait leur paraître moins précieuse que la leur K Héro- dote fait preuve en toute rencontre de la même raison finement avisée, de la même expérience positive de la vie.

Là où ces qualités suffisent, il est excellent ; mais elles ne suffisent pas partout. II y a des questions qui tou- chent à la métaphysique, aux principes généraux de la science ; d'autres exigent, pour être résolues, une pré- paration spéciale et technique. S'il s'agit, par exemple, do juger un récit où figure un événement merveilleux, c'est la question même du merveilleux qui se trouve soulevée. S'il s'agit d'un phénomène physique, le juge- ment qu'on en porte dépend de l'idée qu'on se fait du système du monde : quand l'idée générale est fausse, le jugement particulier, quelque finesse d'esprit qu'on y mette, sera peu solide. De même, pour bien apprécier Tauthenticité d'une inscription, il faut avoir fait une étude spéciale des documents de ce genre. En cet ordre de questions, il ne suffit pas d'avoir un bon esprit : il faut être en possession d'un principe de jugement et d'appré- ciation; il faut, selon le mot de Pascal, « avoir une montre », par laquelle on décide Theure qu'il est, au

i. VIII, 119.

HUt. de la Lin. grecque. — T. II. 38

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