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620 CHAPITRE X. — HÉRODOTE

plesse et la variété de son allure, qui exprime le mouve- ment propre de sa pensée et le tour personnel de ses sentiments.

On sait la distinction essentielle que les anciens éta- blissaient entre Télocution périodique ou « ramassée » (XeÇiç xaTeaTpaftftevTi) et celle où les idées sont simplement rattachées comme par un fli (XéÇi; eipojuvYi *). La période est une construction forte et logique, qui rassemble et concentre les idées secondaires autour de Tidée princi- pale dans l'unité d'une phrase coulée d'un seul jet. C'est la forme oratoire par excellence, à laquelle prélude d'a- bord le parallélisme antithétique de Gorgias, d'Anliphon, de Thucydide, mais qui n'arrive à la perfection qu'avec Lysias pour la période courte, avec Isocrate pour la pé- riode ample et majestueuse. Avant Lysias et Isocrate, on n'a fait en Grèce de vraies périodes que par hasard, non par principes. L'autre manière do parler, la >iÇi; £ipo[i.€vv), est la forme naïve et ancienne. C'est celle d'Hérodote, qui aligne ses idées les unes à côté des autres en se bor- nant à les relier par des particules très simples (îcai, Se, oiiv, etc.), ou par des répétitions de mots un peu gauches -. Très souvent ses phrases sont courtes. Quelquefois, ce- pendant, elles sont longues; mais elles ne sont pas pour cela périodiques, car les différents membres de ces lon- gues phrases sont simplement juxtaposés, pour ainsi dire, et l'on pourrait s'arrêter ici ou là sans difficulté; rien, dans la structure de l'ensemble, n'oblige l'esprit à courir d'un seul élan jusqu'au bout. Cette manière d'écrire donne au style un abandon qui a beaucoup do charme, surtout quand des rythmes cachés, presque poétiques.

��i. Aristole, Uhét., 111, 9.

2. Par exemple (V, 49) : 'ATrixvégTai 6 'ApiArTaY^pr,;... iç 2t3iidtpTT,v... àTcixv£Ô|X£vo; §£ è; )6yov; ô 'ApiTTaYÔp^;; D-eye... Cette sorte do reprise est perpôtuolle.

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