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exemple, rénuniéralion de toutes les troupes qui for- ment l'armée de Xerxès, avec leurs costumes bizarres et l'étrange variété de leur armement, est un morceau d'un vif intérêt ^ : il semble qu'on assiste à ce prodigieux dé- filé de peuples où apparaissent successivement, à côté des Perses et des Mèdes, coiffés de leurs tiares et de leurs mitres, les Ethiopiens, couverts de peaux de lions, et qui, pour le combat, se blanchissent la moitié du corps avec du plâtre tandis qu'ils peignent l'autre de vermil- lon; puis les Lydiens, presque pareils à des Grecs; les Caspiens, velus do poils de chèvre; les Chalybiens, or- nés d'oreilles et de cornes pareilles à celles des bœufs ; et cent autres nations qui font de cette armée comme un échantillon bariolé de toute la barbarie asiatique et afri- caine prête à se ruer sur la Grèce. Tout cela est vive- ment peint, à la fois net et coloré.

Mais comment Thistorien se tirera-t-il d'un de ces grands récits de batailles, si complexes, et où la nature même des événements semble exiger du narrateur un coup d'œil aussi large que précis, avec la faculté de sen- tir pour son propre compte la dramatique émotion des faits et de nous la communiquer ? Les grandes batailles d'Hérodote ressemblent encore à des contes ; contes hé- roïques et charmants, mais où le détail tient parfois trop de place, où la hiérarchie des faits n'est pas très exacte- ment observée, où le mouvement général est sujet à se ralentir par des épisodes plus amusants que nécessaires, où rémotion, toujours sincère, semble parfois superfi- cielle; ajoutons pourtant que la poésie, sans cesse, y jette un rayon, et qu'ils ont ce charme d'exposer simple- ment de très grandes choses. Si l'on compare le récit de la bataille de Salamine dans les Perses d'Eschyle ^ et

��1. VII, 6^99.

2. Persan, v. 353 et suiv.

Hist. de la Litt. grecqaa. — T. II. 40

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