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TERPANDRE 69

du plein éclat de Terpandre plutôt vers le début que vers la fin du règne, afin de réserver pour les réformes qui suivirent un espace de temps suffisant. Un passage de Sappho, qui parle de lui comme d'un poète consacré par une longue admiration, conduit tout à fait à la même conclusion ^ : il est déjà pour elle un classique, un an- cêtre respecté et incomparable ^.

Terpandre dut voyager beaucoup. Joueur de cithare, il fréquenta certainement les sanctuaires d'Apollon. Les traditions qui le mettent en relation avec Delphes sont vraisemblables. Mais c'est surtout à Sparte qu'il semble avoir vécu et exercé directement son influence. D'après de nombreux témoignages, il y fut appelé sur Tordre d'un oracle, pour calmer les esprits troublés par les dis- cordes civiles '. Il réussit, dit-on, dans sa tâche, et Tor- dre fut rétabli *. Il est aisé de voir quel fond de vérité doit se cacher sous ce récit à forme légendaire. A la suite d'une de ces dissensions qui, selon Thucydide *, furent dans ces temps reculés plus fréquentes à Sparte que partout ailleurs, il y eut sans doute un accord favo- risé par quelque oracle, des fêtes religieuses pour con- sacrer le retour de la paix, et des chants à l'occasion de ces fêtes ; ce fut Terpandre qui fut choisi pour composer ces chants. La cité reconnaissante, suivant la même tra- dition, lui accorda de grands honneurs qui passèrent à

1. Sappho, fragm. 9Î.

2. Si Terpandro florissait vers 730-7SO, il était fort âgé au temps des fêtes carnéennes de 676 ; il a pu cependant y assister.

3. Suivant Photius (Lexic, v. Mexoi AéaSiov a)86v), Terpandre était alors exilé d'Antissa pour un meurtre involontaire. Aristote semble avoir l'un des premiers, dans sa AaxsSai(iovta>v icoXiteb, relevé l'ex- pression proverbiale jietoi Aé<T<>iov wWv, do sorte que les informations données par les divers écrivains à propos do cette locution vien- nent peut-être aussi d'Aristote lui-même. Cf. Aristote, fragm. 502 (Bekker-Rose).

4. Plut., De Mus,, c. 42.

5. Thucydide, I, 18, 1.

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