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72 CHAPITRE II. — NOME ANCIEN

dos chefs-d*œuvre. Avant lui, lo tétracorde, le vieil ins- trument des aèdes épiques, servait sans doute encore à chanter les nomes. Le tétracorde, ne Toublions pas, est la base de la vieille musique grecque : la distinction des modes est fondée tout entière sur Texistence du tétra- corde. Il ne faut donc pas croire trop vite qu'un instru- ment à quatre notes dût paraître aux Grecs du ix^ et du VIII® siècle intolérable de monotonie. Il avait longtemps prévalu, sans aucun doute, et gardait le crédit que lui donnait son passé : la gloire d'Homère rejaillissait sur lui. Mais Terpandre osa rompre avec le passé; il de- manda à lart populaire de Lesbos, effleuré déjà par Tin- fluence orientale, un instrument plus riche, auquel il fit subir encore quelques améliorations; il l'introduisit har- diment dans les sanctuaires et lui donna d'emblée une place d'honneur dans les cérémonies. Avec une pleine conscience de ces innovations, il les proclama dans les vers qu'a rappelés Strabon. C'en était assez pour être re- connu, au sens grec et poétique du mot, comme l'inven- teur de riieptacorde K

A l'invention d'un instrument plus riche en notes, on rattachait celle de plusieurs modes nouveaux. On attri- buait à Terpandre l'invention du mode colien et du mode béotien. On voit ce que cela veut dire : Terpan<lre, Eo- lien de Lesbos, on relations plus ou moins étroites avec la Béotie, a fait connaître à Lacédémono, et par suite à

��1. Plutarque {de Mus., c. 6) parle d'une certaine forme de la cithare appelée *A<jiaç, 5tà tb xg;(pr,(x6ai Ae<r6(ov>; avtyj xiôapcofioûc, et dont l'in- vention passait pour remonter à Képiôn, disciple de Terpandre. On ne sait rien de cette espèce de cithare, mais il est curieux do noter ici encore, bous une forme nouvelle, la tradition d'une réforme de la cithare par l'école de Terpandre sous l'influence de l'Asie. — Plutarquo raconte (Inst. Fmc. 17) que les éphoros punirent Terpandre pour avoir donné à la lyre trop de mollesse en y ajoutant une corde. On a dit la même chose de Phrynis, do Timothée , d'autres encore. C'est là une légende qui vient peut-être de la comédie attique.

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