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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/103

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LES ACTEURS 91

plus ils réclamaient des poètes ce genre de morceaux^ qui les faisaient valoir.

Mais la déclamation avait en somme plus d'importance encore que léchant. Il n'est guère douteux qu'à l'origine, quand Tart tragique usait ordinairement dans le dialogue du tétramètre trochaïque, elle n'ait été accompagnée, au moins en partie, par la flûte. Sous cette forme, c'était encore une sorte du chant. Plus la tragédie devint dra- matique, plus elle dut tendre à s'affranchir de cette gêne. L'introduction de trimètre iambique n'aurait pas eu de sens, si elle n'eût libéré la déclamation. Durant la période classique, tout démontre qu'en général les parties iambi- ques étaient simplement récitées ^ Toutefois cette récita- tion pouvait être plus ou moins voisine du chant, et c'est là peut-être un fait dont on ne tient pas toujours assez de compte. Il parait naturel d'admettre que, au temps d'Eschyle, le débit des acteurs tragiques, bien que déjà libre d'accompagnement, était encore en quelque mesure modulé et chantant, tandis qu'après lui il tendit à se rap- procher de plus en plus du parler ordinaire. Un passage d'Aristote prouve que l'art des acteurs grecs se développa autour de certaines formes typiques d'intonation, qui furent de bonne heure reconnues et fixées : telles que le commandement (evroXif)), la prière (ei^'y)), le récit (Sit)- yTidiç), la menace (aicgiX-y)), Tinterrogation (épéTYjGK;), la

��1. Plusieurs savants ont pourtant cru que ces parties elles-mêmes étaient à demi chantées : Westphal, Griech. Metrik, II, p. 480 et Pro- legomena zu jEschylos, p. 200 ; Naeke, Rhein. Muséum, XVII, p. 521. Ils s'appuient sur deux témoignages anciens (Plut. Micsique,p. 1140 F, et Lucien, Danse mimique, 27). Mais ces passages ne paraissent viser que des cas exceptionnels (Voyez Ohrist. Metrik, ^ 316, et la disserta- tion déjà citée du même savant sur la Paracataloge, p. 179). Outre les raisons que donne Christ, il faut remarquer que deux passages d'Aristote, relatifs àTiambe {Rhétor. III, 8 et Poétiq, 4), montrent in- dubitablement que l'iambique trimètre est un rythme parlé (Xexttxbv liirpov). Voyez en outre Aristote, Rhétor, III, 2, 4.

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