LES ACTEURS 93
art, c'était de paraître artificiel * ; un autre, plus dange- reux encore, c'était d'ôter à la tragédie sa dignité natu- relle et de la compromettre dans des imitations de mau- vais goût ^. Les meilleurs acteurs eux-mêmes ne les évi- tèrent pas complètement. Il fallait bien que le débit tra- gique subît la loi générale de tous les arts, qui est de cher- cher toujours des effets nouveaux.
Dès la fin du v® siècle, l'importance des acteurs devint presque égale à celle des poètes. Au iv®, Aristote ne craignait pas de dire qu'elle était décidément supérieure ^ Déjà Callippide, au temps de la guerre du Péloponnèse, était un personnage en Grèce *. Ses successeurs, Théodore, Aristodémos, Polos, furent encore plus célèbres et plus adulés *. En Grèce, comme presque partout, Tart de l'in- terprétation tragique atteignit son apogée, quand la tra- gédie elle-même était en pleine décadence. Cela se com- prend. Une pièce n'arrive à donner à la scène tout ce qu'elle contient qu'après avoir été longuement étudiée. Et, quand il en est ainsi, les œuvres classiques, interpré- tées avec cette perfection, pèsent, pour ainsi dire, sur les pièces nouvelles, en les asservissant à leur exemple.
��1 . Aristote (Rkétor. III, 2, 4) loue Théodore de ce qu'il paraissait toujours parler naturellement, tandis que la voix des autres acteurs ne semblait pas être leur propre voix : *H (ji.àv y^p toû Xsyovxoç 'éoixev elvai, ai S' àXX6Tpiai. Et il ajoute qu'il faut (jlt) Soxeiv XsYeiv izziikoLv^i- vwç, àXXà Tteçyxdtwç.
2. Aristote, Poétique, c. 26 : "Ouep xal KaXXnr7r(5Y) èitsTt(j.àTO xa\ vOv é^XXoi;, (i>; oùx èXeuÔépa; yu^^<^^<x? (j.t{xou(j.éva>v.
3. Aristote, Rhétoriqiie, III, 1, 4 : Met2;ov Suvavxai vuv xôv itoctitûv o\
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4. Plutarque, Agésilas, 31 : Ka\ tôte KaXXtTtwîÎTi; à tôv TpaYwSiûv ûiroxptryjç ovo(j.a xal 86Çav ïxf^'* ^^ "foîç "EXXiriffi xal (nrou8aÇd(j.evo; C»7tb TudvTWv.
5. Voir la liste des principaux acteurs grecs avec l'indication des plus notables témoignages dans A. Millier, ouvr. cité, p. 185.
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