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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/106

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94 CHAPITRE III. — CONCOURS TRAGIQUES

��Acteurs, choreutes, chorèges et poètes concouraient avec des rivaux. On pensait à Athènes, comme presque partout en Grèce, que le plus sûr moyen d*honorer une divinité, c'était de mettre au concours l'hommage qu'on voulait lui rendre. Dès le vi® siècle, TÉtat institua des con- cours tragiques, c'est-à-dire qu'il eut ses juges et décerna des prix.

Ces prix étaient attribués à un groupe indivisible, formé du poète et du chorège. On récompensait l'un pour son talent, Tautre pour sa générosité et pour les soins intelligents qu'il avait donnés à Tinstruction du chœur. Chacun d'eux avait sa part du succès, mais la victoire était commune. De la sorte, un même intérêt les stimu- lait. Ne pouvant pas triompher l'un sans l'autre, ils étaient obligés de s'entendre et de s'associer étroitement. Dans cette association, c'était naturellement le poète qui avait le pas. Les trois concurrents admis par l'archonte étaient classés. Mais le premier rang était une victoire, le second un demi-succès, le troisième une défaite.

Les acteurs ne furent d'abord dans le concours que les auxiliaires du poète. Interprètes de sa pensée, ils ne fai- saient qu'un avec lui, et par suite il ne pouvait y avoir pour eux de récompenses distinctes. Plus tard, quand l'interprétation dramatique eut prévalu sur l'œuvre même, les choses changèrent. Au iv® siècle, nous voyons par les inscriptions que les protagonistes concouraient entre eux. C'était là sans doute le dernier terme d'une série de changements qui nous échappent. Il put arriver en ce temps qu'un acteur fût mis au premier rang pour sa façon de jouer une pièce qui n'était classée elle-même qu'au second ou au troisième *. Rien ne montre mieux

1. CIA II, 973.

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