Aller au contenu

Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/132

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

120 CHAPITRE IV. — LA TRAGÉDIE ET SES LOIS

introduisit dans la tragédie une action proprement dite, parce qu'il y introduisit la pensée constante d'une vo- lonté divine qui menait les événements vers une fin. Par là même, le progrès dramatique devint bien plus réel et plus profond, car il résulta désormais de ce que le specta- teur sentit approcher, avec un intérêt toujours croissant, cette fin mystérieuse, mais prévue. Sophocle ajouta au spectacle de la volonté divine un autre spectacle, bien plus émouvant et plus varié, celui de la volonté humaine, qu'il mit au premier plan. Ce fut alors seulement que la no- tion de péripétie se dégagea ^et^ement, soit pour les poè- tes, soit pour le public. Dès qu'il y eut deux volontés enpré- sence,rune, mystérieuse, patiente, sûre de son fait et toute- puissante, l'autre, pressée, sujette à l'illusion, et pro- fondément faible dans son énergie même, le va-et-vient des prévisions humaines devint le fait tragique par excel- lence. C'est de là justement qu'Aristote tire sa définition de la péripétie (TuepiTueTSta). Elle n'est autre chose pour lui que le moment oii l'action paraît changer de cours *. Ce moment fut nécessairement le point capital de la tra- gédie^. Il la divisa en deux parties, le nœud et le dénoue- ment. Le nœud (Séaiç) fut tout le groupe des événements antérieurs à la péripétie; le dénouement (Xildi;), celui des événements qui suivaient'. Chez Sophocle la péripé- tie est en général peu compliquée, et elle vise moins à surprendre le spectateur qu'à varier la situation morale des personnages. Chez Euripide, quelque chose de plus se manifeste. Il est visible qu'on commence à aimer la

1. Poétique, c. 11 : "Ectc 8è TztpiTzixeia [lïv r) eîç to èvavTtov twv TipaxTo- (j.év(DV (jLeTaêoX*n.

2. Poétique, c. 6 : Ta (lÉYKiTa oTç 4'*JX*Y'**YS' ^ zpa^tùhia toO {j.u6o*j |iépT| ècTlv, «t Ts TzepnzhetoLi xal àvayvwptffei;.

3. Poétique, c 18 : "Eo-ti hï iraffrj; TpaY^Siaç to (ièv 8l<jtç, xb ôè Xy<Tiç... Alyo) 6e oé(Tiv |X£v eîvai xr^y à% «p'/r,; [ity^i toutou toO [xépou; o ïgxaxov è(TTiv, è$ ou {i6Taoatv£t etç eÙTu^'av (il faut probablement suppléer ici 5; 6u<jTU*/îav), Xuo-tv 6à it)v àub tt-jÇ àpx^jÇ t^Ç pteTaSâo-ew; |xé*/pc têXouç.

�� �