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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/141

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UNITÉS DE LIEU ET DE TEMPS 129

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concepUon, pour la bien distinguer des idées modernes qui 61^ sont sorties.

L*unité de lieu, comme on Ta souvent remarqué, était presque imposée aux poètes grecs par la présence du chœur. Toutefois ce n'était pas l'unité rigoureuse qu'on est parfois tenté d'imaginer. Tout d'abord, il semble bien qu'ils aient pris quelquefois la liberté de représen- ter simultanément sur la scène plusieurs lieux fort éloi- gnés les uns des autres. Nous avons déjà signalé ce fait à propos du décor. L'usage de l'eccyclème et du théolo- géion, dont nous avons aussi parlé, n'était que l'applica- tion du même principe. Sans changer de place, le chœur put voir à certains moments l'intérieur du palais, où les princes se tuaient entre eux,etr01ympe, où délibéraient les dieux. Mais en général, plutôt que de représentera la fois plusieurs lieux sur la scène, on préféra ^e\^traliser en quelque sorte celui qu'on mettait sous les yeux du spectateur. La scène grecque fut ainsi un lieu à la fois déterminé et idéal, où tous les personnages se succédè- rent librement, où l'on put délibérer, comploter, chanter, offrir des sacrifices, sans que le public s'en offensât. Il fut convenu tacitement que c'était là le rendez- vous né- cessaire de tous ceux qui avaient part à l'action. Par suite, on accepta comme raisons suffisantes les prétextes plus ou moins ingénieux qu'inventèrent les poètes pour expliquer les entrées et les sorties. Le respect de l'unité de lieu fut d^ailleurs facilité par l'emploi des messagers. Ceux-ci avaient été peut-être les premiers agents du drame tragique, en dehors du chœur; ils y conservèrent toujours un rôle considérable. Grâce à eux, les poètes n'eurent pas à transporter l'action en des lieux divers, plus ou moins éloignés les uns des autres. Les événe- ments lointains vinrent d'eux-mêmes, sous forme de messages, au devant du public; et, à défaut de représen- tation plastique, ce fut la puissance descriptive du récit

Hist. de la Litt. grecque. — T. III. 9

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