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ROLE DU CHŒUR 131

lesEuménides. Sophocle, il est vrai, est infiniment plus ré- servé à cet égard; mais, ici encore, les scrupules de son art lui sont tout particuliers. Euripide traite le temps avec autant de liberté qu'Eschyle. Sesstasima, comme ceux du vieux poète, sont capables de tout. Ils représentent la durée des événements multiples aussi bien que celle d'une courte absence d'un acteur. Tout nous porte à croire que cette manière de faire, si commode, a dû être celle de la plupart des poètes contemporains. Si donc on attribue à la tragédie grecque, d'une manière générale, Tunité de temps, il faut bien entendre qu'il s'agit d'une apparence beaucoup plus que d'une réalité.

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��C'est le chœur, nous l'avons vu, qui eut dans la tra- gédie primitive le principal rôle. L'acteur, créé parThes- pis, ne venait d'abord qu'au second ranff. Par une sé- rie de changements, ce rapport primitit finit par être complètement interverti. La personnalité du chœur alla toujours en s'effaçant à mesure que son importance di- minuait; au contraire, celle de l'acteur, attirant de plus en plus l'intérêt, se subdivisa d*abord en plusieurs rôles, puis, dans chacun de ces rôles, elle prit chaque jour plus de variété.

Cette première vue nous explique immédiatement la di- vergence d'opinions des critiques au sujet du chœur. Ho- race traduisant évidemment des idées plus anciennes, veut que le chœur agisse, qu'il ait son rôle àlui, comme un véri- table acteur*; mais quand il définit ce rôle, il le réduit à énoncer des maximes générales ^. Aristote d'autre part fait du chœur une sorte de spectateur bienveillant, qui

1. Horace, ad Pisones, 193.

2. Ibid., 196.

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