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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/167

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LANGUE DE LA TRAGÉDIE 155

parallèles se détachent, celui du roi et celui du devin. Si nous comptons les vers, ces deux discours ne sont pas tout à fait égaux ; mais, si nous nous contentons de les écouter, ils se font contrepoids très exactement l'un à l'autre, parce qu*avec une étendue presque égale ils ont la même valeur dramatique. Ce genre de symétrie par à peu près est, croyons-nous, celui qui a prédominé dans la tragédie grecque au v® siècle, en dehors des parties ly- riques. Il suffît à lui donner un caractère de régularité qui la distingue profondément, jusque dans la forme, de toutes les autres tragédies.

VIII

Comme la tragédie avait ses rythmes préférés et ses formes de dialogue traditionnelles, elle avait aussi sa lan- gue, distincte de celle des autres genres littéraires. Si celle-ci a varié d'ailleurs assez sensiblement selon les temps et selon les poètes, elle a néanmoins présenté toujours certains caractères généraux qu*il importe d'indiquer ici sommairement.

Procédant du lyrisme dorien par ses parties lyriques, il était naturel qu'elle fît au dialecte dorien une part dans son langage ^ Mais dès ses origines, semble-t-il, elle le confina exclusivement dans les parties chantées, et jusqu'à la fin elle maintint cette loi. Les formes do- riennes sont donc entièrement exclues, non seulement des parties purement récitées, c'est-à-dire des dialogues et des récits, mais encore des morceaux qui étaient sou- mis à la déclamation mélodramatique, tels que les ana- pestes. Au reste, là même où elles sont admises, il s'en faut de beaucoup qu'elles ne donnent à la langue tra-

1. H. Schâfer, De Dorismi usu in tragœdiis grands» Cottbus, 1866. Al- thaus, De tragicorum grascorum dialecto; I, de Dorismo; Berlin, 1866. Cf. Gurtius Studien, I, 2, 263.

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