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TRAGÉDIES SUBSISTANTES 173

des fluctuations d'espérance et d'angoisse. La parodos, la scène de la méditation du roi, le chant final sont des morceaux d'une grandebeauté, malheureusement rendus obscurs par l'état défectueux du texte. — Il n'est pas douteux que la tragédie des Suppliantes ne fît partie d'une trilogie, dont elle devait être la première pièce. On a conjecturé que les Egyptiens et les Danaides pou- vaient lui faire suite. Le peu que nous en savons/ne permet pas de rien affirmer à cet égard*. i

Les Perses (flépcai) sont de 472 ^ Eschyle, en y célé- brant la défaite de Xerxès, Ta représentée comme l'ac- complissement des oracles et la punition d'un orgueil sur- humain. C'est là l'idée qui domine toute la pièce et qui en règle la marche. Au début, les pressentiments du chœur, formé des vieillards perses, les espérances inquiètes d'Atossa, mère de Xerxès; puis le message fatal, par le- quel éclate le désastre de Salamine, œuvre d'un dieu ; ensuite l'évocation de Darius, qui confirme avec une au- torité presque divine l'interprétation déjà donnée aux événements, et qui en fait ressortir l'aspect religieux en même temps qu'il en montre les suites ; enfin le retour de Xerxès vaincu et le spectacle de sa misère morale. Comme structure, cela est aussi simple que les Suppliantes, Deux acteurs encore, pas davantage^ Malgré cette pauvreté de moyens, l'effet dramatique est aussi grand ici que l'ef- fet lyrique. A côté de chants de toute beauté, tels que

1. Discussion dans Hermann, Opuscules j t. II, et Welcker, Kleine SchrifteUf t. IV.

2. Argument de la pièce. Elle fut représentée une seconde fois à Syracuse, d'après le désir do Hiéron [Vie anonyme. Cf. Schol. Aris- toph.. Grenouilles^ 1028). Mais il est fort douteux qu'Eschyle à cette occasion ait remanié sa pièce (Introduction des Perses, éd. L. Schiller et Gonradt, p. 30).

3. Le premier acteur tient les rôles pathétiques d'Atossa et de Xer- xès ; le second, ceux du messager et de Darius. Atossa, par suite, est absente lors du retour de son fils, comme Danaos Tétait à l'arrivée du héraut, et pour la même raison.

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