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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/201

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cet apaisement, nous ne pouvons guère douter qu’il ne fût représenté, à la suite même de cette tragédie, dans le Prométhée délivré et dans le Prométhée porteur de feu. Même direction de pensées et de sentiments dans l’Orestie. Le meurtre d’abord et l’adultère, le crime suscité par le crime, la loi du sang dans toute son horreur ; puis une crise, une sorte de lutte entre les dieux, et enfin, après un jugement, un traité solennel, qui promet un avenir de paix. Ce serait une exagération à coup sûr que d’ériger cette tendance en doctrine et de l’imposer en quelque sorte à Eschyle, malgré lui. Nous ne connaissons qu’un bien petit nombre de ses tragédies, et, parmi celles qui nous restent, si les Suppliantes, grâce à une combinaison trilogique qui reste incertaine, ont pu se prêter à ce genre de conception, il n’en est pas de même assurément des Sept. Cette pièce même y contredirait plutôt : car nous savons qu’elle formait le dénouement d’une trilogie, et nous voyons que, de Laïos aux fils d’Œdipe, la malédiction primitive s’y accomplissait sur la race des Labdacides jusqu’à son entier épuisement. La vérité est sans doute que, bien souvent, Eschyle avait tout simplement accepté les vieilles légendes en poète, sans leur demander autre chose qu’un puissant effet dramatique. Seulement, à plusieurs reprises, il a choisi et traité avec un succès particulier celles qui se prêtaient à la manifestation d’une idée qui au fond était la sienne. Les choses se sont arrangées de telle sorte que pour la postérité cette idée a pris dans son œuvre une importance qu’elle n’y avait peut-être pas pour les contemporains.

IV

Si Eschyle n’est pas inventeur en matière de philosophie, il l’est en revanche, autant ou plus que personne, en ce qui touche à son art ; car c’est lui qui l’a, sinon créé, du moins organisé et constitué. Toute l’activité de