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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/22

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10 CHAPITRE r'. — PRIMAUTÉ D'ATHÉNES

Ajoutons que le patriotisme était alors en pleine ferveur. L'intérêt public, ou même simplement la gloire d'Athènes, faisait l'objet d'une sorte de culte pour les citoyens. Tout ce qu'il y avait de généreux dans la nation se donnait sans réserve au service de l'Etat ^ D'instinct, les poètes, comme les hommes publics, cherchaient, dans leur pro- pre grandeur, celle de la patrie.

Excitée par des circonstances si favorables, l'imagi- nation athénienne prit alors son essor. Encore pleine de jeunesse et de fraîcheur en même temps que de force, elle se déploya chez Eschyle et Sophocle avec éclat. C'était le temps où il semblait bon et facile d'oser beau- coup; car tout réussissait. La poésie, comme la répu- blique, avait confiance en elle-même. Affranchie de son ancienne timidité, elle se faisait un plaisir d'interpréter la passion et l'enthousiasme. Nous verrons plus loin tout ce qu'elle emprunta en ce temps au lyrisme étranger. Philosophie, rhétorique, tout ce qui paraissait de bon et de nouveau, Athènes l'appelait à elle. La facilité à com- prendre, à imiter, à s'approprier ce qu'elle jugeait utile était un des traits de caractère dont elle se glorifiait ^ Au reste, ni la grandeur, la pompe, la magnificence, — ces choses nouvelles, dont elle s'éprenait si vivement alors, — ne lui faisaient oublier sa simplicité native, ni d'autre part le goût des vérités abstraites n'endormait en elle l'activité pratique ^ Cette sorte de tempérament exquis, par lequel se conciliaient des choses en apparence contraires, c'est ce qu'on pourrait appeler le premier atticisme, celui du v® siècle, le plus substantiel et le plus parfait. L'œuvre de Phidias en est l'expression la plus complète dans les arts plastiques comme celle de Sopho- cle dans la poésie.

1. Thucydide, I, 6.

2. Thucydide, IL 41.

3. Ibid,f 40 : $iXoxaXoO(ievY«p (jlçt' eÙTeXeia; xal ^iXocoçoOpiev aveu (xa- X«x(aç.

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