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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/23

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ATHÈNES AU IV* SIÈCLE 11

L'individualisme et l'esprit de société s'y mélangeaient heureusement. Depuis qu'on vivait beaucoup en ville pour s'occuper d'affaires, on s'était habitué à se ren- contrer, i\ converser familièrement. La maison hospita- lière de Périclès et l'influence d'Aspasie laissent deviner ce qu'était alors la société. Comme partout, le rappro- chement des hommes devait tendre à multiplier entre eux les points do contact, c'est-à-dire les idées générales et les sentiments communs, dont les littératures ont si grand besoin. Mais cette généralité n'était pas encore devenue de la banalité. L'histoire du v^ siècle nous mon- tre à Athènes nombre d'individus qui se distinguent for- tement de la foule. Les physionomies y sont encore accusées, les grands caractères ne manquent pas : con- dition excellente pour la poésie, et en particulier pour le drame.

m III

Il était difficile qu'un état moral et intellectuel si heu- reusement tempéré se soutînt longtemps. Le mouvement naturel des choses no pouvait pas ne pas rompre bientôt cet équilibre délicat. Une crise grave, la guerre du Pélo- ponnèse, précipita cette rupture.

Pendant près de trente ans, Athènes fut presque cons- tamment en état de guerre. Tantôt abattu, tantôt exalté par les événements, le peuple perdit l'habitude de se maîtriser. Il se montra plus impatient, plus mobile dans ses faveurs et. dans ses colères, moins accessible à la raison. La partie turbulente de la cité prit souvent le dessus, favorisée tantôt par le découragement des mo- dérés, tantôt par l'enivrement général qui troublait les têtes les plus saines ; quelquefois même, poussée à bout par la politique antipatriotique de Taris tocratie. Dans ces fluctuations incessantes, l'énergie saine s'usa peu à

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