Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


sommaire


I. Vie et caractère de Sophocle. — II. Son œuvre. Les tragédies perdues et les tragédies subsistantes. — III. Conception nouvelle du drame. La volonté humaine érigée en principe d’action. — IV. Psychologie dramatique. Les caractères. — V. Réduction des parties lyriques. Charme et noblesse du lyrisme de Sophocle. — VI. Comment il modifie la langue de la tragédie.


I

Comme Eschyle, Sophocle était de pure race athénienne[1]. Né entre 497 et 495 au bourg de Colone, à peu de distance d’Athènes, il semble qu’il ait réuni en lui dès sa naissance les deux éléments de l’âme nationale, la saine et vigoureuse simplicité de la population rustique, attachée aux choses du passé, et l’activité d’esprit que développaient alors, dans la population urbaine, les intérêts croissants du commerce et de la politique[2]. Une religion poétique et vivante, nullement oppressive, qui était une satisfaction du cœur plutôt qu’une préoccupa-

  1. Les sources principales de la vie de Sophocle sont une Vie anonyme, qu’on trouve dans la plupart des éditions ; les quelques données du marbre de Paros ; enfin une courte notice de Suidas. Il faut y ajouter un petit nombre de témoignages isolés. Voir, dans l’édition de Dindorf (t. VIII), la vie de Sophocle, où tous ces textes sont réunis et discutés.
  2. Son père, Sophillos, possédait en ville deux ateliers pour le travail du fer et du bois, et il devait avoir une maison de campagne à Colone, non loin des bords de Céphise, puisque c’est là que naquit le poète. Le tombeau de famille était près de là, sur la route de Décélie, à onze stades de la ville (Vie anonyme). Sophillos, enrichi sans doute par l’industrie, semble avoir été un personnage ; Pline (Hist. nat., XXXVII, 2, 1) dit, en parlant du poète, principe loco natus, et le biographe anonyme : Καλῶς ἐπαιδεύθη καὶ ἐτράφη ἐν εὐπορίᾳ.