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SON ŒUVRE 301

sanglant qui lui est rendu ; tout étranger pousse sur cette terre est immolé à la déesse. Oreste y aborde pour- tant volontairement avec Pylade, car un oracle lui a promis la paix s'il rapportait de cette terre lointaine en Grèce la statue d'Artémis. Il est pris avec son ami, et tous deux sont amenés devant la prétresse qu'ils ne con- naissent pas et qui no les connaît pas; situation pleine d'angoisse que le poète a su prolonger et rendre de plus en plus touchante par Part le plus délicat. A la fin pour- tant, la reconnaissance du frère et de la sœur a lieu grâce à une lettre qu'Iphigénie veut faire porter à Argos par Oreste. Mais le danger n*est pas pour cela dissipé. Iphigénie imagine une ruse, par Teffet de laquelle, le roi Thoas étant trompé, les trois prisonniers peuvent s'enfuir sur mer, protégés par Athéna K Des péripéties bien ménagées et plus encore des sentiments naturels et touchants, les regrets d'Iphigénie, sa tendresse, son courage, la tristesse et la fermeté d'ame d'Oreste, le dé - vouement héroïque de Pylade font de cette tragédie un des chefs-d'œuvre de la scène antique, bien que le poète semble éviter à dessein d'y pousser l'émotion même à l'extrême limite 2.

Ion (Iwv), de date également inconnue, est la consé- cration d une vieille légende attiquequi rattachait le père et l'éponyme de la race ionienne au dieu Apollon. Ion, fils d'Apollon et de Creuse, fille elle-même d'Ercchtée, a été transporté par Hermès, dès sa naissance, dans le temple de Delphes et Ifi élevé par les soins de la Pythie, qui l'a consacré au service du Dieu. Creuse, mariée plus tard à Xouthos, à qui elle a donné la royauté d'A-

1. Protagoniste, Iphigénie, Athéna; deutéragoniste, berger, Oreste, Thoas; iritagoniste, Pylade, messager.

2. Weil, Sept tragédies, notice : « Le plus tragique des poètes n'y a pas fait usage de toute sa force ; il a usé discrètement des effets dramaticjues dont il disposait ; ... tout est tempéré dans ce beau poème. »

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