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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/316

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Euripide, outre ses tragédies, avait composé quelques poésies éldgiaqucs ou lyriques. On citaiten particulier un poèmo funèbre (£7:i*/.y;Sciov) sur les Athéniens morts en Sicile et une ode triomphale en Thonncur do la triple victoire remportée par Alcibiade aux jeux Olympiques. Il ne nous reste qu’un court fragment do chacune de ces deux compositions *.

III

Ce qui fait d’Euripide un homme nouveau dans l’histoire du théâtre grec, c’est avant tout l’absence d’une croyance antique et solidement assise.

Une sincérité do nature, vive et impatiente, éclate en maint endroit de ses œuvres à travers les conventions du genre ou les données de la tradition. Il n’était pas homme à se reposer mollement dans un beau rêve légendaire, ni à endormir son âme dans une vénération pieuse et paisible. Une pensée prompte, hardie, incessamment curieuse, s’agitait en lui, et sous chaque chose an- tique glissait un doute. 11 n’entendait rien à ces délicates conciliations des natures tempérées, qui tacitement se font une sorte de vérité moyenne, par laquelle leur imagination et leur sensibilité sont satisfaites et obtiennent de leur raison qu’elle le soit aussi. Sa raison à lui ne connaissait point cette sorte de docilité; elle était active et presque inquiète, rebelle aux compromis, toujours prête à se porter en avant. Faute d’une chronologie dé- taillée de SCS pièces et en l'absence de témoignages précis, nous ne pouvons qu’entrevoir l’évolution de ses idées. Il semble bien toutefois qu’elle ait été ce qu’on devait attendre d’une telle nature. Au début, des doutes pour ainsi dire épars, une sorte d’irrévérence encore contenue,

1. Plut., Nicias, 17 ; Alcibiade, 11 ; cf. Démosth., 4. Ces fragments sont recueillis dans Bergk, Poet. lyr, gr., II*, p. 263.