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342 CHAPITRE VII. — EURIPIDE

pide qui n*est vraiment qu'un librctto, auquel manque aujourd'hui ce qui en faisait la valeur, à savoir le chant et la musique. Les épithètes multiples, les mots répétés, les sonorités vides, les longues phrases capricieuses pleines de choses inutiles déconcertent le lettré qui prend cela pour de la poésie. En réalité, ce sont purement des fioritures, qui s'adressent non à Tesprit, mais à l'oreille. Supprimez la flûte, et il ne reste que du verbiage.

Un tel lyrisme ne demandait pas une grande variété de rythmes. Aussi presque tous les chœurs d'Euripide se ramènent-ils à un type uniforme. Ils sont formés de membres logaédiques qui se succèdent indéfiniment sans aucun effort de composition savante. L'invention rythmique proprement dite a donc à peu près disparu. Ce n'est que par exception qu'on retrouve chez lui des combinaisons plus rares K Le procédé général est rapide et superficiel, et il Test de parti pris. La tragédie consent encore à garder le chœur par respect pour l'usage, mais il est clair qu'elle ne considère plus ses chants que comme une partie accessoire du drame.

C'est plutôt pour les monodies qu'Euripide réserve les ressources de son art. Nous avons dit déjà combien l'u- sage de ces solos était devenu fréquent de son temps. Les principaux acteurs, virtuoses de chant aussi bien que de déclamation, y déployaient tout leur talent. Mais ce talent, à vrai dire, était surtout musical, et beaucoup des morceaux destinés à le faire valoir se prêtent fort peu à une étude littéraire. Ce qu'Euripide semble y chercher avant tout, c'est la variété pathétique. De brusques chan- gements, des contrastes, mais en général rien de pro- fond; pour nous, les passages vraiment émouvants ne sont pas ceux-là. Nous n'avons donc pas lieu d'y insister ici, car nous ne saurions y trouver la révélation d'un aspect vraiment distinct et nouveau de son génie.

1. Par exemple dans la parodos des Bacchantes,

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