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Page:Croiset - Histoire de la littérature grecque, t3.djvu/366

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354 CHAPITRE VIIL — TRAGIQUES DE SECOND RANG

brc même (les poètes tragiques de cette période. Nous sommes loin de les connaître tous, mais les noms qui ont survécu forment un groupe assez compact. Aucun autre genre littéraire en ce temps n'a excité une émula- tion aussi vive ni éveillé autant de vocations. Chaque an- née, les concours dramatiques d'Athènes et les représen- tations instituées peu à peu dans d'autres villes grecques provoquaient l'apparition d'un nombre de pièces nouvel- les qu'il est difficile d'évaluer à moins d'une trentaine *. Quiconque se sentait doué de quelque génie poétique vi- sait aux succès de théâtre. Faire accepter une trilogie par l'archonte, obtenir un chœur, c'était entrer de plain pied dans la gloire : en quelques heures, un nom jusque- là ignoré devenait illustre. Beaucoup déjeunes hommes ont dû s'essayer à l'art tragique avant de se bien con- naître eux-mêmes. Nous savons par hasard que Platon fut do ce nombre -. Mais combien d'autres, qui nous sont de- meurés inconnus, ont été certainement touchés de la même ambition ! La tragédie était alors la forme la plus haute, la plus brillante, la plus nouvelle de la poésie. Elle ré- pondait aux tendances les plus intimes de l'âme hellé- nique, telle que les siècles l'avaient faite, et elle offrait en même temps aux amours-propres excités des satis- factions d'un éclat incomparable. Pour des luttes si sé- duisantes, nul doute que la Grèce n'ait vu se produire dans lajeunesse intelligente et avide de renom une sorte

��1. Au concours des grandes Dionysies d'Athènes, chacun des trois concurrents admis apportant trois tragédies, cela faisait neuf. Si la même loi était suivie pour les Lénéennes, il y avait dix-huit tragé- dies représentées chaque année dans Athènes. Admettons que dans les Dionysies des dèmes, on ne fit guère que reprendre des pièces déjà jouées ailleurs. Il y avait en outre chaque année un certain nombre de tragédies refusées, qui n'étaient peut-être pas sans mé- rite, puisque Sophocle, une fois, ne réussit pas à faire jouer les sien- nes. Et nous ne tenons compte ici que d'Athènes et de TAttîque.

2. Diog. Laërce, III, 6.

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