FAMILLES DE POÈTES 355
do levée en masse bien plus ardente et plus tumultueuse que nous ne pouvons le soupçonner aujourd'hui.
Parmi ces poètes, quelques-uns le furent par héritage, les Gis et petits-fils des maîtres de Part, qui ont vu dès leur jeune âge les couronnes de victoire suspendues aux murs de la maison paternelle, et dont l'unique pensée a dû être d'en augmenter le nombre. Dans l'histoire de la tragédie grecque, c'est un fait d'un grand intérêt que celte perpétuité des succès de théâtre dans certaines fa- milles. A Pratînas et à Phrynichos succédèrent leurs fils, Aristias et Polyphradmon \ Lafamille d'Eschyle nous offre un spectacle étonnant : toute une lignée de poètes tragi- ques, qui descend directement d'Euphorion l'Athénien, soit par l'auteur de VOreslie, soit par sa sœur mariée à Philopithès :à la première génération, les deux fils d'Es- chyle, Euphorionet Dion, et son neveu Philoclès l'ancien; à la seconde génération, Morsimos et Mélanthios, fils de Philoclès et contemporains d'Aristophane; à la troisième, Astydamas l'ancien, disciple d'Isocrate, et honoré, comme son arrière-grand oncle, d'une statue au théâtre; à la quatrième, un second Astydamas et un second Philoclès, tous deux fils du premier Astydamas et sans doute contemporains de Démosthène et dePhihppe ^. Dans cette maison, qu'on serait tenté d'appeler à la ma- nière homérique la race des Euphorionides, l'esprit poé- tique a donc vécu près de deux siècles, autant, ou peu s'en faut, que la tragédie elle-même. La famille de So- phocle a donné au théâtre, après l'auteur d'Œdipe roi, ses deux fils, lophon et Ariston. lophon, longtemps col- laborateur de son père, était considéré en 405 par Aris- tophane, quand Euripide et Sophocle lui-même venaient de mourir, comme le premier poète tragique d'Athènes :
1. Argument des Sept contre Thebes.
2. Suidas, Aïo-^uXo;, Eùqjoptwv, $tXoxXf,ç, Mopatpioç xal MeXàvÔto;,
- A<jTyôà{JLaç, SauTYiv éiraivet;.
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